Bush, cet empereur des temps modernes, a choisi la force et l'injustice pour régenter le monde. En lieu et place de la force du droit, c'est le droit de la force qui a prévalu au Proche-Orient. Bush a franchi le Rubicon et déclenché une guerre injuste et illégitime contre le peuple irakien qui n'aspire qu'à la paix. Les Etats-Unis avec quelques gouvernements vassaux se sont substitués à toute la communauté internationale et ont décrété l'invasion d'un pays souverain, membre de l'ONU, et de toutes les institutions internationales. Ni l'opposition de puissances européennes et asiatiques —France, Allemagne, Russie et Chine — encore moins le très vaste mouvement mondial de réprobation n'ont à l'évidence infléchi cette volonté et cette détermination à vouloir destituer un président et démanteler un régime dérangeant ; et tout cela au nom de la démocratie et des droits de l'homme. Quelle tromperie et quelle ironie éhontée de la part d'une superpuissance censée être un exemple et un modèle pour le reste du monde et qui, depuis l'arrivée de Bush et de son équipe à la Maison-Blanche, n'en donne qu'une piètre image. Saisis d'une frénésie de conquête et mus par des intérêts sordides, les USA n'ont pas hésité un instant à fouler aux pieds les valeurs universelles qui fondent la civilisation occidentale. Même leurs alliés qui ne souscrivent pas à cette frénésie pour un nouvel ordre mondial “sur mesure” ou qui ne partagent pas cette vision “messianique” sont voués aux gémonies. La “vieille Europe” qui a refusé de se mettre “au garde à vous” et refusé de faire allégeance est de facto écartée de cette stratégie de mainmise sur le Moyen-Orient. Si pour la majorité des citoyens américains l'attentat du World Trade Center, perpétré par les nervis de Ben Laden, a provoqué un réel traumatisme et laissé de profondes blessures, personne ne peut en douter et la compassion avec les parents des victimes a été mondiale et unanime, à l'exception de quelques groupuscules islamistes extrémistes. Même cette agression sans précédent au cœur de la ville symbole de l'Amérique ne peut et ne doit dans une société civilisée enfanter des bourreaux et des tueurs qui, au nom de la sécurité nationale et de la raison d'Etat, vont à leur tour massacrer des populations dont le seul tort est d'avoir à la tête de leur pays un despote, selon l'argumentaire de Washington. Un despote auquel le président américain prête naturellement la possession d'armes prohibées de destruction massive, qui constituent une menace pour les USA et le reste du monde. Ce qui n'a pas été prouvé par les multiples inspections de l'ONU. En fait, la puissance militaire de l'Irak est toute relative surtout après sa destruction lors de la 1ère guerre du Golfe et douze ans d'embargo. Ces réalités n'échappent en vérité ni aux états-majors militaires des pays occidentaux, ni à leurs gouvernements, encore moins à l'opinion publique mondiale. En définitive, les raisons et les motivations réelles sont à chercher sur d'autres registres. Les USA, seule superpuissance depuis l'effondrement de l'URSS et de ses satellites, veulent reconfigurer le monde en fonction de leurs intérêts, ne laissant, même à leurs alliés, que des rôles mineurs et des zones d'influence réduites. La manière de désarmer l'Irak et de détruire les armes chimiques ou biologiques, si toutefois elles existent, a provoqué une fracture entre les deux rives de l'atlantique et des désaccords très sérieux au sein même de l'Europe. L'option de la force sans avoir épuisé toutes les autres formes de pression voire d'intervention n'a pas agréé la communauté internationale. En conséquence, les arguments pour un changement par la force du régime irakien afin de “libérer le peuple et instaurer la démocratie” dans ce pays n'ont pas suscité l'adhésion espérée par Washington. En fait, la politique d'expansion et d'occupation militaire prônée rappelle à bien des égards le temps du colonialisme. En fait, les appétits économiques et les visées stratégiques sont le véritable mobile de cette guerre que l'Amérique présente comme une action salutaire pour abolir la dictature et apporter aux Irakiens le bonheur et la prospérité. La manœuvre et la duperie ont été démasquées et dénoncées par des membres influents au conseil de sécurité de l'ONU et désavouées par la quasi-totalité des gouvernements de la planète. Dans ce contexte, la France et l'Allemagne ont inscrit leurs noms au fronton du droit et de la légalité internationale, même si depuis l'attaque US, des calculs mercantiles sont en train de prendre le dessus pour la période post-Saddam. L'opinion publique internationale est, quant à elle, totalement hostile à cette expédition illégale et illégitime, qui rappelle la politique de la canonnière des puissances coloniales d'un passé, pense-t-on, révolu à jamais. Bush et les apôtres de la guerre veulent domestiquer le monde et, de ce fait, ne s'embarrassent ni de légalité, ni des oppositions même de leurs alliés, encore moins de l'immense mouvement pacifique qui ne cesse de manifester pour la paix à Paris, Londres, Madrid, Berlin et Milan. Même au cœur de l'Amérique, à New York, la ville victime de l'attentat meurtrier, sans précédent dans les annales du terrorisme international, les américains sont descendus dans la rue crier leur opposition à cette guerre et leur aspiration à un monde de paix. A Washington et jusque devant les grilles de la Maison-Blanche, les pacifistes ont scandé leur rejet de cette intervention armée. A Hollywood, le gotha du cinéma n'a pas été en reste. Dans le monde arabe et musulman où la plupart des régimes sont honnis par leurs peuples, cette agression est vécue comme l'ultime humiliation, une violation dont les effets et les contre-coups, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, ne sont pas quantifiables, encore moins prévisibles. Pendant ce temps, en guise de liberté, le peuple irakien subit un déluge de feu et de fer. Les armes les plus sophistiquées et les plus destructrices sont déversées sur un petit pays par deux puissances, qui ont sur lui le droit de vie ou de mort, sans qu'aucune autre puissance ne vienne s'interposer pour faire cesser la guerre. Sans que la communauté internationale puisse faire valoir la primauté du droit face à la force. C'est dramatique pour les irakiens et honteux pour l'humanité ! A. O.