Les ministres des Finances des huit pays les plus riches du monde (G8) ont exprimé, hier, leur préoccupation quant aux prix élevés du pétrole qui évoluent à des niveaux proches de leurs records. “La croissance mondiale reste robuste et elle est plus équilibrée entre les régions géographiques ainsi qu'à l'intérieur de nos pays”, soulignent les grands argentiers du G8, dans un projet de communiqué final de leur réunion de Potsdam. “Les risques pour les perspectives (de croissance mondiale) ont diminué, mais les prix de l'énergie, élevés et volatils, restent un sujet d'inquiétude et nous resterons vigilants”, préviennent-ils. Les cours du pétrole brut sont dopés depuis plusieurs semaines par les inquiétudes entourant le niveau des stocks d'essence américains. Par ailleurs, les pays membres du G8 se sont engagés à remplir leurs promesses d'augmentation de l'aide à l'Afrique, tout en adressant une critique voilée aux nations qui, comme la Chine, prêtent de l'argent sans garde-fous au continent noir. “Nous réaffirmons l'importance de remplir nos engagements en matière d'aide” aux pays les plus pauvres et en particulier à l'Afrique, indiquent-ils. Lors de leur sommet de 2005 dans la localité écossaise de Gleneagles, le G8 s'était engagé, rappelle-t-on, à annuler la dette publique multilatérale de 35 des pays les plus pauvres et à accroître, d'ici à 2010, le montant de leur aide annuelle aux nations les plus démunies à 50 milliards de dollars. Mais, selon l'ONG britannique Oxfam, au rythme actuel, les nations du G8 sont en retard de 30 milliards de dollars par rapport à leur promesse faite il y a deux ans. Dans un rapport établi en avril dernier, le comité d'aide au développement de l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) constatait, pour sa part, une baisse de 5,1% en 2006 de l'aide aux pays pauvres de ses 22 pays membres et prévoyait une nouvelle baisse cette année. Oxfam a dénoncé également l'absence d'engagements concrets, alors que se profile le sommet des chefs d'Etat du G8 de Heiligendamm, du 6 au 8 juin prochain, où cette question sera centrale. “Ce week-end, les ministres des Finances du G8 ont fait preuve d'amnésie collective en choisissant d'oublier leurs promesses faites à l'Afrique. La chancelière allemande, Angela Merkel, n'a que 18 jours pour appeler ses collègues à agir et éviter une humiliation. Le sommet allemand du G8 ne doit pas devenir celui de la honte”, a dit l'un des responsables d'Oxfam à Potsdam, Max Lawson. Les ministres du G8 se sont aussi implicitement inquiétés de la politique menée en Afrique par certains pays émergents comme la Chine, qui risque, aux yeux des Occidentaux, d'alimenter une nouvelle spirale de surendettement. Sans nommer directement Pékin, le communiqué invite “tous les emprunteurs et les créanciers” à respecter les critères du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, qui encadrent strictement les octrois de prêts. Ils appellent aussi de leurs vœux la création d'une “charte internationale du prêt responsable” pour éviter les dérapages et indiquent chercher à ce sujet à “impliquer d'autres parties, dont le G20”, un forum incluant pays riches et grandes économies émergentes, à leur tête la Chine. Si Pékin n'est pas nommément montré du doigt dans le texte final, l'Allemagne s'est chargée de le faire après la réunion du G8. “Nous observons qu'il y a un intérêt grandissant de la Chine pour les ressources africaines”, ce qui la conduit à “recommencer ce à quoi précisément nous (les pays riches, ndlr) voulions mettre un terme avec notre programme d'allégement de la dette, à savoir un surendettement des pays africains”, a critiqué le ministre des Finances Peer Steinbrùck, hôte de la réunion de Potsdam. “Cela ne correspond pas du tout aux critères que nous avons édictés”, a-t-il regretté. Synthèse : B. K.