Sur ce volume, 3,5 milliards de dollars correspondent à des investissements directs étrangers ou en partenariat. “Pour 2007, nous avons dans nos tablettes en cours de négociations environ 16 grands projets qui représentent 12 milliards de dollars d'investissements.” C'est du moins ce qu'a affirmé le directeur général de l'Andi, M. Baghdadli, lors d'une rencontre sur la problématique de l'investissement en Algérie organisée par le Forum du quotidien El Moudjahid. M. Baghdadli souligne que les 13 guichets uniques, en 2006, ont reçu 48 000 visiteurs. 6 975 projets d‘investissements ont été déposés, pour un montant global de 708 milliards de dinars, soit 10 milliards de dollars, à même de générer 124 000 emplois directs. Sur les 6 975 projets, 100 émanent des étrangers, en investissement direct et en partenariat, d'un montant global de 250 milliards de dinars, soit 3,5 milliards de dollars US. Par ailleurs, le directeur général de l'Andi annonce que le Conseil national de l'investissement, de 2003 à 2006, a tenu 28 cessions, au cours desquelles il a examiné 126 projets d'investissements évalués à 1 585 milliards de dinars. 76 projets sont des projets nationaux et 50 sont le fait des étrangers. En matière de projets réalisés, depuis la création de l'Andi à fin 2006, M. Baghdadli avance le chiffre de 7 500 projets, un investissement estimé à 1 032 milliards de dinars, soit 14 milliards de dollars et qui ont généré 213 000 emplois directs déclarés à la Cnas. Pour autant, ces chiffres masquent des réalités beaucoup plus amères en matière de climat des affaires en Algérie. Les opérateurs économiques, M. Réda Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprise, M. M'heni de la Cipa, ainsi que M. Bensaci du Conseil consultatif de la petite et moyenne entreprise, tous s'accordent à dire que “le climat des affaires en Algérie est des plus médiocres”. M. Baghdadli lui-même reconnaît que le taux entrepreunarial est faible, alors que tous les fondamentaux sont au vert. Par rapport à la population, l'Algérie devrait créer 800 000 à un million d'entreprises. Malheureusement, elle n'en a créé que 320 000 seulement, dont la majorité sont des petites entreprises de moins de 10 salariés. Ainsi, malgré d'importantes ressources énergétiques et une série de réformes consacrant l'ouverture économique, le tissu industriel algérien reste majoritairement composé de petites entreprises dont la contribution à la croissance est insuffisante. Les 150 milliards de dollars d'investissements ne semble pas profiter à l'industrie algérienne. On s'interroge même si l'économie algérienne n'est pas atteinte de ce qui est appelé le syndrome hollandais. Le président du Conseil consultatif, lui, parle “de blocage aux changements”. Ce qui attire le plus un investisseur à s'implanter dans un pays, c'est l'importance du marché intérieur de ce pays et celle du marché régional. S'agissant de la main-d'œuvre, l'IDE place la qualité de celle-ci, c'est-à-dire son niveau de qualification, avant son coût. De même, l'IDE est plus attiré par la qualité des infrastructures de transport et de télécommunications disponibles dans le pays où il choisit de s'installer que par le poids des charges fiscales qui pèsent sur l'entreprise. En Algérie, il est vrai que le coût de la main-d'œuvre est bas, mais son niveau de qualification n'est pas compétitif avec celui des main-d'œuvre d'autres pays du Sud. Les infrastructures de transport sont acceptables, mais les télécommunications sont insuffisamment développées. Le marché intérieur reste un marché de consommateurs à bas revenu et le marché régional n'est pas encore formé. Au-delà donc des tracasseries administratives, des lenteurs bureaucratiques de nos administrations économiques et du niveau de la qualité de vie, ce que recherche le capital, c'est d'abord un marché et la disponibilité de facteurs qui aident directement à un déroulement normal des activités de l'entreprise. Preuve du climat d'investissement médiocre en Algérie, M. Bensaci fait référence au rapport de la Banque mondiale qui classe très mal notre pays dans tous les domaines pris en compte. M. Serai a été plus loin dans ses critiques. “Les investisseurs sont mal reçus par les responsables d'entreprise publique”, souligne-t-il. Pis, il révèle que des copies de dossiers d'investissement arabes déposés en Algérie se sont retrouvées à Paris, accusant certains lobbies de bloquer l'investissement. Ce qui devrait interpeller les pouvoirs publics. Les dernières mesures prises par les pouvoirs publics n'agréent pas les opérateurs. “La procédure choisie pour régler le problème du foncier, à travers la création d'une agence et la vente aux enchères n'est pas une avancée”, estime le président du FCE, évoquant l'absence de feuille de route pour mettre en œuvre les bonnes réformes. Les chefs d'entreprise estiment, cependant, qu'une politique économique nationale doit s'appuyer sur des opérateurs locaux, des champions capables de tirer l'économie algérienne vers le haut. M. Hamiani évoque la nécessité, dans un contexte de développement économique, de protéger les industries en raison notamment d'économies d'échelle insuffisante. Ces mesures protectionnistes ne sont en fait que “des béquilles pour apprendre à marcher” pour paraphraser un économiste. “Le marché nous échappe”, avertit-il. Mais pour M. Moula, le problème est dans les mentalités. “On ne peut faire du libéralisme avec des mentalités socialistes”, ironise-t-il. Pour autant, en matière de procédure d'investissement, M. Baghdadli annonce la mise en place d'un système simplifié à partir de janvier 2008, au niveau du guichet de Blida, comme opération-pilote qui sera généralisée par la suite aux autres guichets Andi à travers le territoire national. Meziane Rabhi