Le torchon brûle entre l'AIEA et les Occidentaux au sujet du nucléaire iranien. Les représentants des Etats-Unis et de leurs alliés sont fâchés contre Mohamed El Baradeï, le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), après ses propos selon lesquels il était désormais “trop tard” pour empêcher l'Iran de continuer à enrichir de l'uranium. Selon un rapport de l'AIEA, Téhéran a accéléré ses activités de recherche nucléaire, ce qui a conduit le Nobel de la paix (cuvée 2006) à considérer que la stratégie occidentale était dépassée par le cours des événements, et que vouloir contraindre l'Iran à suspendre l'enrichissement de l'uranium n'était plus d'actualité. Pour le directeur de l'AIEA, la priorité est désormais d'empêcher la République islamique de passer à une phase industrielle, synonyme d'accès à une capacité nucléaire militaire. Washington, Londres, Paris et Tokyo, en revanche, préfèrent en rester au non-respect par Téhéran des décisions du Conseil de sécurité qui avait formellement défendu aux Iraniens de continuer ses recherches. Lors de sa rencontre avec les ambassadeurs de ces pays occidentaux, El Baradeï a mis l'accent sur l'importance de la coopération de l'Iran avec l'AIEA, et sur la nécessité de contraindre Téhéran à respecter les dispositions internationales par la voie diplomatique. Alors que pour les puissances occidentales, accepter une poursuite de l'enrichissement d'uranium donnerait à la République islamique davantage de temps pour perfectionner sa technologie et serait “une provocation” à l'égard de la communauté internationale. Mais la pression mise sur l'AIEA ne fait pas l'unanimité : l'Allemagne, qui fait partie du groupe chargé du dossier du nucléaire iranien, n'a ainsi pas envoyé de délégué pour sermonner le patron de l'AIEA. Certains responsables politiques allemands, soucieux des intérêts de leur pays en Iran, semblent adhérer aux positions d'El Baradeï. D. B.