Particulier loue F3 à Aïn El-Turck (2 mètres de la mer), période : juillet et à partir du 15 août. À louer studios aménagés, à 5 mn de la mer, à Bousfer-Plage, prix très intéressant. À louer villa… Les petites annonces, comme à chaque début de saison estivale, envahissent les espaces publicitaires des quotidiens et fleurissent les vitrines des agences immobilières. Les Oranais, de plus en plus nombreux, n'hésitent plus à recourir à la location de leur chez soi pour rentabiliser au maximum leur toit. Autre temps, autres mœurs, même si le phénomène n'est plus de mode, mais s'est installé durablement dans le “génome” social local devenant presque une nécessité, voire une obligation pour des milliers de ménages de louer leurs espaces familiers le temps d'une saison où tous les excès sont permis. Derrière ces annonces lapidaires se cache une volonté affichée, ces dernières années, de sacrifier le confort personnel et familial au détriment d'une rentrée d'argent, bienvenue dans la plupart des cas. Les Oranais n'hésitent plus entre un farniente gratuit au bord de la mer et une dizaine de millions de centimes, le prix de la location mensuelle de leur appartement. Miloud, la quarantaine bien entamée, fonctionnaire dans l'enseignement, père de trois enfants et propriétaire d'un F3 à Mers-El-Hadjadj, s'est rendu à l'évidence du changement des mentalités qui s'est opéré progressivement dans son entourage proche. “L'été venu, je voyais mes voisins faire leurs valises pour laisser la place à de parfaits inconnus et je peux vous dire que je n'arrivais pas à saisir les raisons de leur geste, mais voilà !” Miloud a pris conscience de la dure réalité des choses, et depuis deux ans, il imite les autres. “À la fin mai, début juin, je passe une annonce dans un quotidien régional pour louer mon appart pour un mois et demi.” Les réponses nombreuses sont triées et le choix se fait à la tête du client. Concernant les tarifs pratiqués, notre interlocuteur reste évasif même s'il avoue trouver amplement son compte. Des remords de privilégier l'argent à la famille ? Il dit avoir pris la bonne solution. “Je leur laisse plus qu'un mois pour profiter des vacances et en plus ils ont la mer à eux seuls pour le reste de l'année.” Où partir après avoir laissé les clés dans d'autres trousseaux ? Ces locataires, d'un nouveau genre, optent pour un séjour chez des parents à l'intérieur des terres. Pour Miloud, ce n'est qu'un juste retour d'ascenseur, “depuis le temps qu'ils viennent squatter chez nous et passer des vacances à l'œil”, parlant ainsi du cousin de Relizane. D'autres ménages adoptent cette pratique pour, d'une part, renflouer les caisses en perspective des dépenses à venir et, d'autre part, pour fuir la smala familiale qui débarque chez eux pour bronzer à moindre frais. Ce cas de figure a été longtemps vécu par Zoubir qui, à chaque été, assistait à un débarquement en règle de la grande famille. “C'était par vagues successives qu'ils s'installaient à la villa et c'est comme s'ils se donnaient le mot pour ne jamais se rencontrer. Une semaine c'était l'aîné avec sa femme et ses quatre enfants, l'autre c'est la sœur, son mari et leurs enfants, ensuite c'était au tour de l'oncle, de la tante, ça n'en finissait pas.” Zoubir décide alors de mettre le holà à cette invasion familiale avant de voir son ménage partir en vrille. “Un jour, un collègue de travail m'avait demandé de lui louer la villa pour une quinzaine de jours et depuis je peux vous dire que j'ai une paix royale, l'argent et la tranquillité.” Le dilemme entre un bail intéressant et la plage pour les enfants est vite tranché pour Zoubir puisqu'il loue, à son tour, un bungalow pour les vacances, “l'adresse reste un secret parce que je ne veux pas voir les autres se ramener pour me gâcher mon soleil.” Mokhtar, propriétaire d'un pavillon en R+1 à Paradis-Plage, dit s'en tirer à bon compte depuis qu'il a commencé à mettre sa petite villa en location. “C'est un pavillon confortable doté de toutes les commodités. Ces trois dernières années, dit-il, profitant de la forte demande, je le loue aisément à 12 millions en juin, à 15 millions en juillet et jusqu'à 18 millions en d'août, ce qui m'assure une rente assez confortable qui me permet d'entretenir le pavillon et de vivre aisément.” Cette tendance commence à se généraliser et tous les toits sont bons à louer. Des traditionnels bungalows aux somptueuses villas en passant par les miteux studios, le phénomène a fait tache d'huile en boostant le marché de la location, assez calme le reste de l'année dans ces villes balnéaires. Il offre aussi l'opportunité à nombre de familles, hôtes de la Corniche, de s'éviter les lourdes dépenses liées à une location dans les différents hôtels et complexes touristiques qui ont pullulé dans la région. D'autres couples ont trouvé une autre manière de passer des vacances ailleurs et à moindre frais en procédant à un changement saisonnier de clé avec d'autres familles désireuses de passer des vacances à Oran. L'exemple de Ahlem et son mari est édifiant et elle se dit complètement satisfaite de la formule qui lui permet de visiter d'autres régions du pays en s'épargnant les notes d'hôtel. Ainsi, sur les douze millions de visiteurs qu'attend Oran, il n'est plus rare de compter une dizaine de milliers d'entre eux qui auront préféré louer un appart, une pièce ou une villa chez des particuliers. S. O. Lire tout le dossier en cliquant ici