Les accusations formulées par le patron de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi-Saïd, contre certaines organisations non gouvernementales (ONG) internationales ne sont pas gratuites, loin s'en faut, car elles touchent du doigt la réalité de la mobilisation de certaines organisations de la société civile en faveur de la solidarité internationale, dont l'enjeu est ailleurs que dans l'aide humanitaire et la lutte pour les droits de l'Homme. Ces organisations non gouvernementales ne sont pas aussi indépendantes du pouvoir politique des pays occidentaux que tend à le suggérer leur dénomination puisqu'elles sont au centre d'enjeux géostratégiques et constituent, pour certaines d'entre elles, un véritable appoint de la politique étrangère des pays avancés étant dit qu'elles sont engagées dans toutes sortes d'activités dans les pays étrangers. Et il n'est un secret pour personne que ces activités sont largement soutenues par les gouvernements occidentaux et leurs diplomaties. Ce qui n'exclut donc pas le fait que ces ONG, par effet d'une instrumentalisation, se transforment dans une bonne proportion en vecteurs de l'influence des pays développés sous le couvert de l'aide humanitaire, la défense de la démocratie ou encore la lutte pour les droits de l'Homme. S'agissant pour ces ONG de défendre les intérêts des Etats qui les emploient en s'inscrivant, par exemple, sur le strict plan diplomatique reste tout à fait concevable dans une certaine mesure où elles ne participent pas à l'aggravation d'une situation dans tel ou tel pays déjà déplorable. Mais quand elles deviennent un outil de déstabilisation de gouvernements, de financement d'oppositions, mettant en péril l'équilibre politique ou encore le canal privilégié des sales besognes, la profession de foi de défense des droits de l'Homme et de la démocratie devient équivoque. Elle peut même justifier amplement la “thèse du complot” tant stigmatisée par certains gouvernements occidentaux quand des pays comme l'Algérie au plus fort de la tragédie qui l'avait frappée mettait en cause ces mêmes ONG dans la tentative de déstabilisation du pays. On se rappelle le fameux feuilleton du “Qui tue qui ?” ou encore cette formule assassine de “terrorisme d'Etat”, quand il s'agissait pour certaines ONG de dédouaner le terrorisme criminel, celui du GIA, et défendre la thèse occidentale en vogue à cette époque, celle qui voulait faire admettre que le FIS dissous et ses bras armés étaient d'essence démocratique. Des ONG sous la bénédiction des Etats-Unis et certains pays européens qui se sont attelés à un véritable travail de sape pour affaiblir l'Etat algérien, lequel, faut-il le dire, avait vu toutes ses institutions s'effondrer l'une après l'autre sauf son armée qui constituait, heureusement, sa colonne vertébrale. Et c'est donc tout naturellement que l'ANP subira les tirs nourris de ces ONG. Il ne sera pas inutile de dire que nombre de ces organisations non gouvernementales, réputées juridiquement être des associations privées, émargent aux budgets des Etats à l'origine des tentatives de déstabilisation de pays comme l'Algérie. Les talents qu'ont ces ONG à créer de toutes pièces des organisations locales qui leur servent de relais, à fabriquer des dissidents, à mettre sur pied des campagnes d'intoxication médiatique, à user subtilement de la désinformation, rappellent les liens étroits qu'elles entretiennent avec les services de renseignements des pays dont elles sont issues. Sous la bannière “du monde libre” et en brandissant l'étendard de la promotion des élections libres, le libre-échange, la liberté de la presse et la liberté syndicale, les ONG s'appliquent à faire et à défaire des gouvernements, à tenter de changer les régimes politiques réfractaires à la volonté occidentale et allant à contresens de ses intérêts. Il n'est peut-être pas exagéré de dire que des ONG sont en permanence en “service commandé”. Comment ne le sont-elles pas quand l'essentiel de leurs ressources, elles le doivent aux Etats ! Nombre de financements d'organisations non gouvernementales portés à la connaissance du public entament sérieusement leur crédit et créent des doutes sur leur indépendance. Le cas de Reporters sans frontières (RSF), révélé par un article d'une journaliste américaine en 2005, est assez édifiant. Cette association indépendante, selon la journaliste, défend la liberté d'expression grâce aux subventions de l'Etat français qui représentent 11% de son budget annuel, alors que 15% de ce même budget elle les doit à la Commission européenne. Le reste, c'est le financement de plusieurs groupes financiers propriétaires de médias et d'entreprises d'armement, révèle encore la journaliste américaine. M. Robert Ménard, président de RSF, admettait cette même année que son organisation touchait d'autres subventions en provenance des Etats-Unis. C'est ce que dit le président de RSF, sans éprouver le besoin d'expliquer comment une organisation indépendante peut-elle s'affranchir d'une tutelle qui pourvoit à sa survie. Cet exemple reste parmi tant d'autres et peut même être considéré insignifiant si l'on venait à mentionner la fameuse fondation nationale pour la démocratie (NED), créée par le président américain Ronald Reagan. Ecoutons Allen Weinstein, son premier président, parler de la National Endowment for Democracy (NED) : “Une grande partie de ce que nous faisons aujourd'hui, la CIA le faisait clandestinement il y a vingt-cinq ans.” Il faudra savoir que cette fondation est une association américaine à but non lucratif qui prétend promouvoir les droits de l'Homme et la démocratie. Grâce aux dollars du département d'Etat et des spécialistes de haut vol, la NED a su s'immiscer dans les processus sociaux économiques et politiques de quelque 90 pays d'Afrique, d'Amérique latine, d'Asie et d'Europe de l'Est. C'est tout dire… Zahir Benmostepha