Les commerçants des fruits et légumes de Annaba ont qualifié de “catastrophique et ingérable” la situation qui prévaut actuellement dans leur domaine, attribuant la responsabilité de cette anarchie à l'origine de la hausse des prix, à la défection du secteur agricole, mais aussi aux autorités concernées qui n'arrivent pas jusqu'à présent à organiser le circuit de commercialisation. “Le commerce est sous la coupe de personnes qui n'ont rien à voir avec l'agriculture ou le commerce. Des intermédiaires qui se sucrent sur le dos des consommateurs et qui parviennent même à obtenir des crédits bancaires en tant que commerçants.”D'un autre côté, “nous n'avons pas de marché de gros digne de ce nom, et qui serait organisé de façon à stabiliser les prix à travers des mercuriales contrôlées par l'Etat. Chacun fait ce qu'il veut”, comme devait l'expliquer le président de l'UGCAA. Et d'ajouter qu'il venait, il y a quelques jours, de “tenter de sensibiliser les commerçants pour les inciter à garder des prix raisonnables à la veille du mois de Ramadhan. Nous en sommes à faire du social”. L'avidité des intermédiaires et de certains commerçants et les dysfonctionnements dus à l'absence de l'Etat sont cruellement ressentis dans un domaine directement lié au pouvoir d'achat du consommateur dont une grande partie vit sous le seuil de pauvreté. Exemple de ces dysfonctionnements cité par un membre de l'UGCAA. “Au niveau des marchés informels d'El Eulma ou Tadjenanet, par exemple, les commerçants qui viennent s'approvisionner trouvent, à quelques mètres du marché, des piquets de la gendarmerie qui leur réclament les factures sous peine d'une amende de 50 000 DA. Pourquoi ne s'en prennent-ils pas aux gros pontes qui vendent en gros à l'intérieur de ce marché illégal et qui refusent de nous facturer nos achats ?” Aux dires de nos interlocuteurs, la situation a empiré ces deux dernières années et il faudra de gros efforts pour y remédier. Les commerçants disent se retrouver “entre le marteau et l'enclume”, avec, d'une part, le marché informel qui leur impose une concurrence forcée, et de l'autre, l'Etat, dont les lois ne sont pas appliquées. À ce tableau s'ajoute une saison agricole des plus faibles dans la région, obligeant les commerçants à s'approvisionner hors wilaya faisant encore grimper les prix. Hafiza M.