Dans une interview accordée à la BBC, le chef des inspecteurs des Nations unies accuse Washington et Londres d'avoir falsifié des documents pour justifier l'attaque contre l'Irak. “Il était troublant de voir qu'une partie aussi importante des documents sur lesquels se sont basés Washington et Londres pour bâtir leur dossier à charge contre l'Irak était aussi peu solide”, a affirmé Hans Blix. Ces déclarations viennent conforter les prises de position de cet homme qui estimait que les inspections étaient le moyen approprié pour désarmer le régime de Saddam Hussein, si on arrivait à démontrer qu'il y avait des armes de destruction massive en Irak. Le chef des inspecteurs avait insisté pour qu'il soit accordé suffisamment de temps aux experts onusiens pour aboutir à des résultats concrets. En vain. Jusqu'au dernier jour des opérations de contrôle, Blix n'a pas manqué de dire qu'aucune trace d'armes chimiques n'avait été trouvée par ses inspecteurs, malgré toutes les indications données par les services secrets américains et britanniques. Aujourd'hui, le fonctionnaire de l'ONU revient à la charge pour dénoncer les agissements de la Maison-Blanche et de Downing Street, en affirmant : “Il y a des exemples flagrants dans le cadre du documentaire «Le chemin de la guerre : l'histoire secrète». Nous avons entendu parler d'un contrat entre l'Irak et le Niger, de l'importation de 500 tonnes d'uranium.” Poursuivant, Blix explique : “Or, quand l'AIEA a pu obtenir le contrat, il ne lui a pas été difficile de découvrir qu'il s'agissait d'un faux, qu'il avait été tout simplement falsifié.” L'ex-chef de la diplomatie suédoise s'interroge sur le fait que les services secrets américains et britanniques, pourtant dotés de moyens techniques très sophistiqués, n'ont pas découvert qu'il s'agissait d'un faux. Voilà une manière diplomatique d'engager la responsabilité de ces services dans le déclenchement de la guerre en Irak, sans aller jusqu'à les accuser ouvertement. Hans Blix s'est en effet gardé de porter une telle accusation, tout en s'interrogeant sur l'origine d'un tel document, en déclarant : “Ils ont pu obtenir ce faux contrat quelque part. La CIA dit en avoir obtenu une copie du Royaume-Uni.” “Je ne suis pas en train de suggérer que les services secrets britanniques auraient pu le falsifier”, a-t-il tenu à préciser. Quant au rôle joué par le secrétaire d'Etat américain aux affaires étrangères dans le déclenchement de la guerre contre Bagdad, le chef des inspecteurs a quelque peu minimisé la responsabilité de Colin Powell, en disant : “Quand vous êtes en haut de la hiérarchie, vous recevez des documents et vous ne pouvez pas tout vérifier.” Il y a lieu de souligner que Blix n'a aucunement pris pour de l'argent comptant les “preuves” avancées par le chef de la diplomatie US, contre l'Irak en les qualifiant à chaque fois “d'infondées”. Le temps lui a apparemment donné raison, puisque jusqu'au jour d'aujourd'hui, les soldats américains qui ont visité le territoire irakien en long et en large n'ont découvert aucune trace d'armes de destruction massive. K. A.