Pour le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, “il n'y a que ceux qui espèrent le gel du projet qui parlent de cette éventualité”. Le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, M. Bouabdallah Ghoulamallah a démenti, hier, tout “prétendu gel” du processus d'attribution du marché relatif à l'étude architecturale de la nouvelle grande mosquée d'Alger. “C'est un projet important. On ne peut pas se permettre de dire de telles choses (rumeur de gel du projet, ndlr). Le processus se poursuit normalement et il n'y a aucune entrave au travail du jury”, a-t-il insisté, hier, en marge des journées d'information au profit des hadji organisées par la Direction des affaires religieuses de la wilaya d'Alger à l'institut Dar El-Imam de Mohammadia. Pour le ministre, “il n'y a que ceux qui espèrent le gel du projet qui parlent de cette éventualité”. Le ministre a donc tenté de rassurer à propos de ce projet immense, mais qui ne cesse de faire l'objet de polémiques ces dernières semaines à propos de l'attribution du marché relatif à l'étude architecturale du projet. L'émergence de rumeurs autour de ce marché, ainsi que sur le travail de la commission d'évaluation des offres des postulants, démontre on ne peut mieux qu'une guerre souterraine a éclaté entre les intérêts représentant l'un ou l'autre prétendants à ces marchés colossaux, pas seulement sur le plan financier, mais surtout en termes de prestige. Le ministre n'a, d'ailleurs, pas manqué de répliquer à ce qu'il appelle “les allégations” faisant état de la non-fiabilité du terrain devant abriter la mosquée et qu'il a qualifié d'“infondées”, ajoutant que “des experts ont attesté de la fiabilité du terrain à supporter un projet d'une telle envergure”. En l'absence d'informations sur les résultats des délibérations de la commission en question, c'est bien évidemment la rumeur qui prend le relais, ce qui est, somme toute, nuisible à ce projet grandiose de l'Algérie contemporaine. La rumeur n'a, d'ailleurs, pas lâché le projet depuis les premiers appels d'offres liés à la sélection du bureau chargé de l'assistance à la maîtrise d'ouvrage. Et la désignation du canadien Dessau-Soprin, de réputation internationale, à l'issue de l'opération d'évaluation des offres n'avait pas mis fin à cette suspicion qui semble s'être installée durablement. Et, naturellement, ce n'est qu'à travers les colonnes de la presse que cette guerre sourde se manifeste. Si l'opération de présélection des groupements de sociétés (5 sur 17) s'est déroulée le mois dernier sans grand fracas, l'évaluation finale et la désignation du bureau d'études qui aura le privilège de préparer les planches architecturales et d'assister le ou les sociétés réalisatrices sont accompagnées d'une tension qui dit long sur la compétition féroce que se livrent les différents prétendants. L'on tire donc les ficelles de tous les côtés pour tenter de jeter le discrédit autour de ce projet et de la commission qui planchent sur la difficile mission de choisir un cabinet capable d'accompagner le constructeur. Ce n'est, certes, pas chose simple car au-delà des caractéristiques, des atouts et de l'esthétique des différents plans présentés, il s'agit aussi de savoir dans quelle mesure ils sont réalisables sur le terrain. La première évaluation de la commission avait, donc, permis de présélectionner 5 entreprises ou groupements parmi les 17 postulants pour la réalisation des études architecturales. L'annonce avait été faite le 24 octobre dernier à Mohammadia. Le franco-algéro-britannique Atsp/Atkins, le germano-tunisien Krebs Kiefef, l'allemand Ipro Plan, l'iranien Asak Genidar et le français Architecture Studio (AS) sont les cinq cabinets qui avaient été retenus. Le travail de la commission s'est poursuivi, depuis, aboutissant à l'élimination de la course des cabinets Génidar, dont l'offre est la moins-disant, et Ipro Plan, dont l'offre est considérée comme trop exagérée. Mais, officiellement rien n'a été annoncé. On sait juste que la commission d'évaluation a demandé un audit technique sur la constructibilité aux trois bureaux qui figurent désormais sur la liste restreinte des présélectionnés, en attendant la décision finale qui, normalement, ne devrait pas tarder à intervenir. Mais en attendant, et en l'absence d'information officielle sur le sujet, c'est la porte ouverte à toutes les rumeurs. Et pourtant, on n'en est, dans ce projet, qu'à la veillée d'armes car la grande bataille, celle liée à la sélection des entreprises de réalisation n'a pas encore commencé, du moins officiellement. Il faut, en effet, s'attendre à ce que cette nouvelle course, qui pointe déjà à l'horizon, donne lieu à des pratiques pas du tout catholiques, dans le but de contribuer à l'élimination de l'un ou l'autre concurrent. Le fonds, plus d'un milliard de dollars, en vaut la chandelle et fait, apparemment, saliver plus d'un. Hamid Saïdani