À la différence des autres fois, le message du terrorisme se veut, cette fois- ci, plus élaboré. Plus sophistiqué. Il est par la résonance internationale qu'il produit une fin en soi. Faire parler du GSPC et faire intégrer aux plus optimistes que l'Algérie ne changera pas. Le temps de la main de fer dans le gant de velours est révolu. À force d'expliquer tout et n'importe quoi, nos politiques s'égarent dans une mansuétude qui n'a plus lieu d'être. Avec ce double attentat suicide à Alger, il devient intenable de ne pas céder à l'émotion du moment. Trop, c'est trop ! Garder son flegme devient un luxe que les parents des victimes d'hier ont tous le droit de perdre. Nous avec eux. La maigre consolation de ce mardi noir, un autre 11 du mois, rendez-vous avec la mort, est que personne n'a eu, cette fois-ci, l'indécence de nous parler de la réconciliation nationale et du fait qu'elle soit la solution miracle à nos malheurs. Mais cette fois, le GSPC a délivré un double message. Interne, en frappant le siège du Conseil constitutionnel, berceau du légalisme et antre de la Constitution. Il est assez troublant que la cible nous ramène tout droit vers le débat sur le troisième mandat de Bouteflika et de l'inévitable révision constitutionnelle qui l'accompagnerait. Le second message est destiné à l'extérieur. Aux étrangers qui, dans l'ensemble, ont lancé des satisfecit sur le retour à une forme de sécurité et aux craintes dissipées sur la destination Algérie. En ciblant des organismes de l'ONU, le terrorisme s'attaque au symbole de la communauté internationale. À défaut d'atteindre les chancelleries, les ambassades et les diplomates, le GSPC a lancé ses kamikazes contre le siège onusien (le moins protégé d'ailleurs) pour que personne ne se sente plus à l'abri. Une manière de signifier aux étrangers que l'Etat algérien est incapable de protéger ses hôtes. À la différence des autres fois, le message du terrorisme se veut, cette fois-ci, plus élaboré. Plus sophistiqué. Il est par la résonance internationale qu'il produit une fin en soi. Faire parler du GSPC et faire intégrer aux plus optimistes que l'Algérie ne changera pas. Qu'elle est condamnée à revivre à chaque fois les mêmes images insoutenables de corps déchiquetés, de bâtiments éventrés et de peur collective. Ce message de la part du terrorisme est audible. Clair. Brutal. Sommes-nous devenus sourds pour inventer au terrorisme un autre chemin que celui du crime ? Pas de pardon. Pas de réconciliation. Pas de tergiversations. Et surtout pas de débat nauséabond sur la détresse sociale qui pousserait ces kamikazes à nous éliminer comme des mouches. M. B.