En dépit des progrès obtenus sur ce plan, la discontinuité des efforts risque d'avoir un effet de dissuasion en matière d'investissements directs étrangers. La Coface organise, pour le 22 janvier 2008, le traditionnel colloque risque pays. Tout au long de cette journée, des spécialistes français de renom et des experts étrangers du monde bancaire, d'entreprises et de centres de recherche dressent le bilan de l'année écoulée et examinent les tendances majeures de l'économie mondiale et leur impact sur la situation des entreprises. Dans son précédent rapport d'évaluation, la Coface souligne que le pays connaît une situation financière extrêmement solide. La manne pétrolière a permis d'accélérer le désendettement extérieur et d'accumuler des réserves en devises. Après une moindre performance en 2006, résultant de travaux de maintenance des infrastructures pétrolières et gazières, l'économie devrait connaître une activité plus vigoureuse en raison d'une production de gaz accrue, de la poursuite des investissements publics prévus dans le cadre du Plan de consolidation de la croissance et de la bonne tenue de la consommation des ménages, encouragée par les augmentations de salaires de la Fonction publique. Dans une perspective de prix encore élevés du pétrole, les comptes extérieurs et publics devraient continuer d'afficher de larges excédents. Les entreprises devraient bénéficier d'un contexte qui reste globalement porteur et leur comportement de paiement ne devrait pas se détériorer. L'environnement économique et politique ne risque pas de conduire à un défaut de paiement qui reste acceptable. Cependant, la Coface l'année dernière déjà estimait que l'évolution de “la situation sécuritaire reste en outre à surveiller”. Le double attentat suicide du 11 décembre dernier semble remettre sur le terrain la question des départs du personnel expatrié de certaines entreprises étrangères activant en Algérie, ainsi que le risque de voir l'Algérie boudée, encore une fois, par les investisseurs étrangers. Autant dire que la sécurité des étrangers pose un sérieux problème d'autant plus que le GSPC, depuis son ralliement au réseau d'Oussama Ben Laden, a fait savoir qu'il allait s'en prendre “aux intérêts étrangers” en Algérie. Mais pour beaucoup d'observateurs, le terrorisme est sans commune mesure avec la situation qui prévalait dans les années 1990. La situation en Algérie, que ce soit dans les domaines économique, financier, social ou politique, a nettement évolué. L'Algérie compte aujourd'hui parmi les pays en voie de développement. Le terrorisme ne peut en aucun cas constituer une menace pour l'Etat algérien. Les déclarations de l'administrateur du Programme des Nations unies (Pnud), Kemal Dervis, dépêché par le secrétaire général de l'ONU au lendemain de l'attentat qui a visé les locaux de l'ONU, peuvent paraître comme un signal très fort. M. Dervis a indiqué que “le travail va continuer” au sein des deux organisations. “Nous sommes à la recherche de nouveaux locaux pour reprendre nos activités le plus rapidement possible et sommes en contact avec les autorités algériennes à ce sujet”, a-t-il dit. Cependant, l'Etat doit rassurer davantage les partenaires étrangers de l'Algérie. En montrant d'abord qu'il n'y a pas de relâchement, ni de baisse de vigilance, dans la lutte antiterroriste, contrairement à ce que le gouvernement affirme. Et qu'aucun pays au monde n'est à l'abri de ce type d'attentats. Le gouvernement devrait se montrer plus agressif en matière de communication. La sécurité des entreprises doit être construite sur une stratégie commune entre elles et les services de sécurité algériens. Mais de manière générale, toute entreprise qui s'installe à l'étranger prend un risque. Et c'est ce risque que les autorités algériennes doivent minimiser. M. R.