Trois mois de filature ont été nécessaires pour remonter à une partie de ce réseau qui a ses ramifications jusqu'au Maroc. “Nous sommes déterminés à mener une guerre sans merci contre le trafic de drogue. À Alger, on va frapper fort”, a déclaré le colonel Abderrahmane Ayoub, responsable de la cellule de communication de la Gendarmerie nationale, en marge d'un point de presse animé par la section de recherches du groupement d'Alger suite au démantèlement d'un réseau de trafic de kif traité destiné au Moyen-Orient en passant par l'Algérie et la Libye. Une affaire qui ne se limite pas à de petits dealers fournisseurs locaux. Cette fois, le crime organisé porte bien son nom, car il s'agit d'un réseau international. Pour parvenir à le démanteler, les éléments de la section de recherches ont fait preuve d'une grande patience. Plus de trois mois de filature ont été nécessaires pour briser une partie d'une chaîne de trafiquants qui n'a pas révélé tous ses secrets. L'histoire est simple. Classique même. Une organisation qui compte quatre éléments qui ne se connaissent que par des pseudonymes ou des sobriquets. B. Y., C. A., D. F., et un quatrième en fuite ont la trentaine et tous originaires de la commune de Bourouba dans la circonscription d'El Harrach. Pour ce qui est de l'organisation, il y a un acheteur qui se déplace au Maroc où il prend possession des plants qui seront transformés sur place dans une fabrique clandestine en kif traité, un transporteur chargé de la convoyer en lieux sûrs, le gestionnaire des stocks qui veille au grain et le revendeur. C'est justement sur ces renseignements que les enquêteurs avisés entament les investigations en arrêtant d'abord une première personne qui s'apprêtait à écouler 500 g de résine de cannabis la nuit du réveillon, où les prix plafonnent généralement en raison de la forte demande. Passé à l'interrogatoire, le mis en cause donne le nom du fournisseur. Ce dernier est interpellé au moment où il se payait du bon temps sur la côte. La perquisition en son domicile permet aux enquêteurs de découvrir 15 kg de kif traité. Lors de l'enquête, les trois mis en cause reconnaissent avoir des liens avec des Marocains et que la marchandise achetée d'abord sur pied avant sa transformation est revendue en partie en Algérie, avant de prendre la destination du Moyen-Orient via la Libye, où une autre partie est également écoulée. Alors que le quatrième identifié est activement recherché, les trois malfaiteurs, tous des repris de justice pour le même crime, ont été présentés jeudi devant le procureur de la République d'Hussein Dey et écroués. La population de Bourouba, en apprenant l'arrestation des mis en cause qui régnaient en maîtres dans cette localité, a poussé un ouf de soulagement. Convaincus, des pères de famille n'ont pas caché que l'argent de la drogue servait ici d'appât aux jeunes chômeurs pour les impliquer dans des réseaux terroristes. ALI FARÈS