Mahmoud Ahmadinejad a été publiquement désavoué par l'ayatollah Khameneï, qui a annulé l'une de ses décisions et lui a ordonné de mettre en œuvre une loi sur l'approvisionnement en gaz naturel de villages isolés. Un camouflet humiliant pour le président ultraconservateur iranien qui a vu sa popularité chuter ces derniers mois avec la montée des prix de l'alimentation et du logement, et les décès rapportés de 64 Iraniens liés à des coupures de gaz durant un hiver particulièrement rigoureux. Ahmadinejad se prévalait du soutien du guide de la révolution islamique face à ses multiples détracteurs, des réformateurs à la droite classique représentée par l'ancien président Rafsandjani, qui est à la tête du Conseil du discernement, le Conseil constitutionnel iranien. Sollicité par le Parlement iranien dominé par les conservateurs, Khameneï a ordonné au président d'appliquer une loi débloquant 680 millions d'euros du fonds de réserve monétaire pour fournir en gaz des villages isolés. Le président iranien avait invoqué des raisons budgétaires pour ne pas mettre en œuvre la mesure. Le compte à rebours aurait commencé pour Ahmadinejad, élu en 2005 à la suite, bien sûr, d'un coup de pouce de la hiérarchie religieuse et de son bras armé, les Pasdarans, véritable armée au sein de l'armée, mais aussi de ses promesses de faire bénéficier chaque famille des revenus du pétrole, d'éradiquer la pauvreté et s'attaquer au chômage. Mais il est de plus en plus critiqué pour son absence de résultats dans ces domaines. Le pays s'est enfoncé dans l'isolement suite à son refus de se plier aux exhortations de la communauté internationale d'abandonner son ambition d'enrichir l'uranium, qui le suspectait de chercher à produire la bombe atomique et, par ricochet, dans la crise inflationniste et la régression économique. Alors, très libéral dans ce domaine, le président iranien a coupé le gaz aux populations ne pouvant plus honorer leurs factures ! Pourtant, l'Iran possède la deuxième plus grande réserve de gaz naturel. Réformateurs comme conservateurs l'ont interpellé vigoureusement pour savoir comment des Iraniens peuvent mourir de froid alors qu'ils sont assis sur d'immenses réserves de gaz ? Rafsandjani qui espère se représenter l'année prochaine au fauteuil présidentiel, a dénoncé une mauvaise gestion des ressources par Ahmadinejad. Apparemment, le jeu de la succession de cet ancien maire de Téhéran et figure emblématique de milices qui traquent les contrevenants aux règles islamistes, est ouvert. D. B.