Alors que la contestation est menée, depuis le début du mouvement, par les élèves de terminale, candidats au premier baccalauréat de la réforme, voilà que les terminales de l'ancien programme entrent en scène. La dernière promotion d'avant la réforme exige rien moins qu'une deuxième session du baccalauréat. Car, l'on susurre sur la place de Tizi que les éventuels élèves recalés, parmi cette dernière promotion, au baccalauréat de cette année, n'auront plus la latitude de repasser l'examen, y compris en tant que candidats libres. Hier, désemparés qu'ils étaient, les lycéens des deux promotions sont de nouveau descendus dans la rue. Une marche de protestation a été organisée depuis le stade du 1er-Novembre de Tizi Ouzou vers le siège de la Direction de l'éducation. Les élèves sont venus des lycées El-Khansa, Amirouche, Hamlat, Abane-Ramdane, technicum, Fadhma-n'Soummer. Ils ont rejoint le point de départ de la manif par petits groupes. Sur place, la marche ne s'est pas encore ébranlée, alors que les organisateurs sont collés à leur mobile. Renseignement pris, il s'est avéré qu'ils temporisaient pour permettre à leurs camarades des lycées des autres localités de rejoindre la marche. Ainsi, les élèves des lycées de Maâtkas, Tadmaït, Draâ Ben Khedda, Tizi Rached, Boudjima, Ouaguenoun, Fréha, Azeffoun et autres ont déferlé sur Tizi. Les lycéens sont arrivés par bus scolaires ; les délégués du lycée de Ouaguenoun ont déployé des banderoles qui résument la quintessence de leurs revendications. “Programmes chargés, les élèves en danger !” ; “Non à la destruction de notre avenir” ; “Nous ne sommes pas des cobayes”, sont, entre autres, les mots d'ordre répercutés sur les banderoles et les pancartes déployées à l'occasion. Selon les échos qui parviennent aux organisateurs de la marche, l'appel à la grève lancé jeudi dernier a été scrupuleusement respecté. Plusieurs établissements ont été paralysés. La grève a été, en effet, largement suivie à travers les lycées de la wilaya. Même s'ils n'ont pas participé à la marche, plusieurs élèves des établissements du secondaire ont fait grève. Il s'agit des lycées d'Iferhounène, Tizgirt, Bouzeguène. Le communiqué rendu public, jeudi dernier, par le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, ne semble pas rassurer les grévistes. La tutelle s'est effectivement engagée à élaborer les sujets du bac sur la base des programmes dispensés à l'échelle nationale et à annuler la méthode de l'approche par les compétences lors de cette session. “Nous n'avons même pas épuisé le quart du programme, comment voulez-vous qu'on soit en mesure de passer un tel examen, synonyme de sésame pour le passage à la fac ?” proteste une lycéenne, membre déléguée du lycée Rabah-Stambouli. Les délégués des lycées ont été reçus à la Direction de l'éducation, dont les responsables ont tenté de convaincre les élèves de reprendre les cours. Mercredi dernier, ce sont les parents d'élèves, à travers leur fédération, qui ont appelé les lycées à cesser leur mouvement de grève. Y. A.