C'est aujourd'hui que le Premier ministre kosovar, Hashim Thaçi, annoncera l'indépendance de la province du sud de la Serbie. “Demain sera un jour de calme, de compréhension (mutuelle) et (le jour) de l'engagement de l'Etat pour l'exécution de la volonté des citoyens du Kosovo”, a-t-il déclaré à la presse après une rencontre à Pristina avec des représentants religieux. Les Etats-Unis et plusieurs grands pays de l'Union européenne (UE) ont exprimé, au cours des dernières semaines, leur intention de reconnaître rapidement l'indépendance du Kosovo après sa proclamation. En revanche, les autorités de Belgrade, fermement soutenues par la Russie, et les Serbes du Kosovo, un peu moins de 10% de la population, sont opposés à toute indépendance unilatérale de la province. Bruxelles, qui affiche une volonté de stabiliser les Balkans et de les intégrer à terme dans l'Union européenne, a donné leur feu vert hier à l'envoi de près de 2 000 policiers et juristes au Kosovo pour accompagner les premiers pas du futur Etat indépendant. La mission européenne baptisée Eulex Kosovo — la mission civile la plus importante de l'histoire de l'UE — doit “guider et conseiller les institutions kosovares dans tous les domaines liés à l'Etat de droit”, établir “une justice indépendante et multi-ethnique” et une police multi-ethnique. Certains des 1 500 policiers disposeront également de pouvoirs exécutifs, limités, pour pallier d'éventuelles défaillances de la police kosovare. Les pays de l'Union avaient donné leur feu vert juridique le 4 février à cette mission. Elle n'attendait plus qu'un dernier feu vert, survenu dans la nuit de vendredi à samedi, pour pouvoir commencer à se déployer. Les premiers éléments de la mission, une quinzaine de cadres, devraient partir d'ici une ou deux semaines. Une “équipe de planification” de 120 personnes est déjà à Pristina depuis fin 2007. L'Allemagne et l'Italie seront les principaux contributeurs à cette mission qui nécessitera, d'autre part, 1 000 employés locaux. En plus de tous les Etats membres de l'UE (sauf Malte pour des raisons logistiques), quelques pays tiers y participeront : Etats-Unis, Turquie, Croatie, Norvège, Suisse. Des centaines de candidats ont déjà été présélectionnés. Parmi les critères cités dans les petites annonces passées sur les sites Internet des services diplomatiques européens : “une capacité à négocier”, une “connaissance du français et de l'anglais” et “une expérience des Balkans”. L'arrivée des policiers, magistrats et douaniers européens va s'échelonner sur quatre mois, et les effectifs pourront être renforcés en cas de troubles. Ce n'est que lorsqu'ils seront tous là que la mission de l'ONU qui gère le Kosovo depuis 1999, la Minuk, devrait transmettre ses pouvoirs au gouvernement kosovar, conseillé et surveillé par la mission européenne en matière de police, de justice et de protection des minorités. La durée d'Eulex, au budget de 205 millions d'euros pour les 16 premiers mois, est prévue pour une période initiale de 28 mois. R. I./Agences