C'est au cours de la visite de travail du wali d'Adrar, Messaoud Djerri, dans la daïra d'Aoulef et ses communes, que nous avons eu l'occasion de découvrir que sur le plan infrastructures, rien ne manque, mais leur combat contre la nature et la difficulté de l'isolement fait que leurs conditions ne sont pas du tout similaires à celles des gens qui vivent tout près des institutions. Akebli est une petite commune de 7 513 habitants, située à 1 851 km au sud de la capitale, à 308 km au sud-est du chef-lieu de wilaya et à 60 km de la daïra d'Aoulef. Un petit point de verdure cerné par des dunes de sable envahissantes. Il suffit de voir l'état de l'ancienne route, avalée par le sable, pour déduire que le quotidien des citoyens de cette petite commune est fait du combat permanent contre l'empiétement du sable. Malgré les clôtures en feuilles de palmier, que les habitants appellent afrag, et les grands efforts des travailleurs de la direction des travaux publics que nous avons trouvés à l'œuvre, la dune avance sans aucune retenue, essayant de bloquer ainsi l'unique chemin qui épargne à Akebli l'isolement. C'est au Kilomètre 32 de la RN58 que la direction des travaux publics a érigé une maison cantonnière, constituée d'un parc pour les véhicules de désensablement et une habitation pour les travailleurs de la chaussée afin de les rapprocher des zones à risques. Le coût de la réalisation est de 11 millions de DA. Arrivant au chef-lieu communal, Akebli nous délivre la rudesse des conditions de vie de ses riverains. Ils ne sont pas nombreux, puisque la plupart ont préféré l'immigration. Se voyant vidée de sa population, Akebli pleure du manque de perspectives qu'elle pourrait leur offrir. Dès l'adolescence, les jeunes prennent leurs cabas pour aller vers des horizons meilleurs. C'est au niveau du siège de la commune que nous avons rencontré Rachid. Un technicien au service de l'habitat. Nous nous sommes adressés à lui en voyant dans ses yeux la tristesse et l'ennui… Avec simplicité, il nous parle des problèmes de la commune sans montrer, à aucun moment, les sentiments de frustrations qui nichent dans ses tréfonds. Les jeunes de cette commune n'ont jamais connu la stabilité puisque le chômage sévit et la municipalité n'a pas grand-chose à leur offrir sauf les quelque 60 postes du filet social qui leur reviennent de droit. Aux alentours, quelques vieux assis et des écoliers qui attendaient le retour en classe. Devant ce constat, Rachid rétorque : “Dès le lycée, le jeune d'Akebli prend le chemin de l'immigration. D'ailleurs, pour les besoins des projets actuels que la wilaya nous a accordés, les entrepreneurs ont du mal à trouver de la main-d'œuvre.” À la question de savoir comment se réalisent les projets dans ces conditions, il a appelé un entrepreneur, Toufik, qui vient nous entretenir des problèmes que vit sa corporation. “Depuis quelques années, la wilaya nous a confié quelques projets dont la commune en a un immense besoin. Mais le manque de main-d'œuvre jeune et la cherté des matériaux de construction, dus essentiellement à notre éloignement des chefs-lieux de daïra et de wilaya, font que nos projets avancent à pas de tortue.” Pourtant, la municipalité possède le nécessaire pour les besoins des citoyens. Pourquoi cet exode alors ? “Certes, les quelques infrastructures que vous voyez ne sont ici que depuis quelques années et le jeune d'Akebli ne voit la réussite qu'à l'extérieur. La wilaya a mis en œuvre le plan spécial Sud et notre commune a bénéficié de tout, mais le manque existe toujours. Par exemple, bien qu'on ait une polyclinique, pour un accouchement ou pour une rage de dent, il faut aller à Aoulef, à 60 km. Mais le comble est que pour se déplacer à Aoulef, il faut attendre l'unique fourgon qui fait la navette à 100 DA la place. Et pour les gens qui possèdent des voitures, pour faire le plein d'essence, ils doivent se rendre au chef-lieu de la daïra.” La délégation officielle de la wilaya a fini sa visite de travail et d'inspection ; le vent de sable s'est levé, il recouvrira la chaussée une nouvelle fois… L. Ammour