Cette nomination confirme la concentration du pouvoir économique entre les mains du chef de l'Etat. L'éclipse de Benachenhou n'a pas duré. L'homme du Président recouvre le portefeuille de ministre des Finances. Une histoire de forme. Puisqu'à l'ombre d'El-Mouradia, il gérait les finances du pays et arrêtait avec le chef de l'Etat les plus importantes décisions du secteur, à la place d'un argentier du pays effacé. Au plan “comptable”, le changement de portefeuille confirme la concentration du pouvoir économique entre les mains du chef de l'Etat. A travers Benachenhou, le Président a un œil direct sur les banques et la rente pétrolière. Ce dernier, rappelons-le, préside l'AG des banques publiques et celle de Sonatrach. Dans cette branche, sa complicité avec le ministre de l'Energie est notoire. La cohésion ne posera pas problème. Le nouveau PDG de Sonatrach a été l'un des plus sûrs “assistants” de Khelil. Le nouvel argentier du pays est connu pour sa rigueur dans la gestion du pays. Traduire : à moins d'une décision du chef de l'Etat ou du Chef du gouvernement, il ne faut pas s'attendre à des mesures sociales, telles qu'une hausse des salaires, sans une amélioration globale de la situation de l'économie. Mais des décisions électoralistes ne sont pas exclues. Benachenhou est surtout attendu sur la réforme bancaire, sans laquelle il est vain de s'attendre à une relance de l'économie, et partant une accélération du rythme de création de richesses. Il lui avait été reproché, lorsqu'il était ministre des Finances, le retard dans sa mise en œuvre. Il a donc pour mandat, entre autres, d'accélérer les changements structurels du système bancaire. Avec la nomination du ministre, le gouverneur de la Banque d'Algérie sort renforcé, en particulier, dans le rôle de supervision des banques et le contrôle des transferts de capitaux. Après l'affaire Khalifa, le vent va vers un durcissement des agréments des banques privées. Mais attention! Contrairement aux informations parues ici et là, le nouvel argentier du pays n'a pas une expérience de gestion bancaire. Son gros problème, ses insuffisances en matière de communication. Qu'on se souvienne. Ses sentences sur le secteur public bancaire ont fini par démobiliser les cadres du secteur et lui ont valu la réprobation de l'UGTA. Comme Temmar, Benachenhou n'a pas encore prouvé son efficacité. Il sera épaulé par Mme Mentouri, la ministre déléguée chargée de la Réforme bancaire. Ils ont en commun le fait d'avoir travaillé à la présidence et d'avoir collaboré à la feuille de route de la réforme bancaire. Au demeurant, l'homme de la rue n'a que faire de la glose d'un Temmar et d'un Benachenhou. Il veut des actes. L'orthodoxie stricte dans la gestion et dans le discours, auquel cas, risque encore une fois de creuser davantage le fossé entre les gouvernants et la population. N. R.