Les ayants droit des victimes du terrorisme sont montés au créneau, hier, à Oran, pour dénoncer les carences constatées dans la prise en charge efficiente de leurs problèmes socioéconomiques. Réunis au siège de la mouhafadha FLN pour l'élection d'un nouveau secrétaire général de wilaya de l'Organisation nationale des victimes du terrorisme (ONVT), les ayants droit ont manifesté leur colère. “Toutes nos tentatives en vue d'intégrer nos droits sont restées lettre morte. Nous n'avons rien vu venir depuis 1997”. Visiblement remontés contre le responsable du bureau local de l'ONVT, les 750 ayants droit qui se reconnaissent dans cette organisation veulent en découdre avec cette situation de statut quo. Selon le chargé de l'organique et de la coordination au sein de l'ONVT, cet état de fait découle du climat d'immobilisme qui sévit au sein de la représentation locale de l'organisation des ayants droit. Dans un document en date du 13 juillet 2005, il est nettement fait mention de l'exclusion de la responsable du bureau de wilaya de l'ONVT. Le document en question lui dénie le droit d'exercer ses fonctions au sein de l'organisation pour “ses agissements irresponsables de nature à déstabiliser l'organisation (et) porter préjudice à l'intérêt suprême des victimes du terrorisme”. Hier, une assemblée générale élective devait se tenir au siège de la mouhafadha à l'effet d'élire un nouveau secrétaire général de wilaya. À la vue des journalistes, les langues se délient. Des femmes ayants droit témoignent sur leur sort peu enviable et sur celui de leurs enfants. “Mon mari a été assassiné par les terroristes. Ma fille veuve et mère de deux enfants vit avec moi dans une mansarde nichée comme un pain de sucre à la Corniche supérieure. Nous percevons seulement 1 000 dinars par enfant. Souvent, il nous arrive de vendre nos affaires pour subvenir à nos besoins élémentaires”, affirme la veuve de feu Boulahass Amar. Selon d'autres témoignages recueillis à chaud, les aides financières ponctuelles (Aïd-el-Fitr, Aïd-el-Kébir, couffin de Ramadhan) ont été supprimées sans raison apparente. Les femmes, que nous avons rencontrées au siège de la mouhafadha, affirment, sans ambages, n'avoir rien perçu depuis 2000. “Entre 1997 et 2000, nous n'avons reçu aucune aide matérielle, si ce n'est l'allocation de 1 000 dinars par enfant”. D'autres témoignages fusent : “Même les colonies de vacances dont bénéficiaient nos petits ont été supprimées. C'est une situation intenable et nous en appelons à Mme Fatima-Zohra Flici pour qu'elle nous vienne en aide”, clament-elles en colère. En plus de la suppression de l'assistance matérielle, les mères et les épouses des victimes du terrorisme assurent qu'elles n'ont pas bénéficié de logement dans le cadre des quotas au profit des ayants droit. Ces dernières placent à présent leur espoir dans l'élection d'un nouveau secrétaire général de wilaya pour résoudre leurs difficultés sociales. K. REGUIRG/YSSAAD