Guerre sans merci entre le chef de l'Etat zimbabwéen Robert Mugabe et son opposant Morgan Tsvangirai avec la campagne pour le second tour de la présidentielle du 27 juin, aucun des deux camps n'entendant céder la victoire. Le plus âgé des présidents africains a appelé ses partisans à l'unité. " La désunion, c'est ce qui nous tue ", a déclaré Mugabe, en accusant à nouveau l'opposition d'être responsable des violences politiques accrues depuis les élections générales du 29 mars, appelant ses électeurs à se défendre. Mugabe, qui vise un sixième mandat, a en outre menacé d'expulser l'ambassadeur des Etats-Unis, James McGee, lui reprochant de s'immiscer dans les affaires internes du pays et a repris son antienne selon laquelle Tsvangirai est à la solde des Occidentaux. La Zanu-PF, son parti, mais aussi l'armée et la police, piliers du régime, sont déchirés par des luttes internes face à la ruine du pays, en plein marasme économique depuis huit ans, avec une hyper-inflation désormais à plus de 165.000% et une dégringolade de la production agricole. Mugabe a fait miroiter aux millions d'exilés des terres encore libres depuis la réforme agraire, lancée en 2000 dans la violence et qui s'est soldée par le départ de quelque 4.000 fermiers blancs expropriés. "Il reste de la terre, même pour les jeunes, pour ceux qui sont en Afrique du Sud désireux de rentrer au pays", a-t-il dit, en allusion aux attaques xénophobes dans le pays voisin. Le leader de l'opposition, revenu en début de semaine au Zimbabwe qu'il avait quitté quelques jours après le scrutin du 29 mars, a juré d'exiger des comptes sur les actes criminels commis par les partisans du régime. " Ils peuvent nous tuer, ils peuvent nous estropier, mais le 27 juin nous évincerons cet homme du pouvoir! ", s'est écrié Tsvangirai, qui réclame le déploiement d'observateurs internationaux et d'une force de paix régionale avant le second tour. Une quarantaine de personnes ont été tuées, un millier blessé et des milliers déplacés, selon l'opposition et des organisations humanitaires. De plus en plus d'appels sont lancés en faveur d'une intervention panafricaine. Le climat est à la guerre. La transition du Zimbabwe vers la démocratie a été prise en otage, a diagnostiqué l'International Crisis Group (ICG), une cellule de réflexion implantée à Bruxelles pour qui une victoire de Tsvangirai risque d'aboutir à un coup d'Etat militaire ou à l'application de la loi martiale, et à l'éclatement des services de sécurité en plusieurs factions. D'ailleurs, la plupart des observateurs craignent que les violences et les actes d'intimidation, qui auraient été perpétrés par les forces de sécurité, les vétérans de la guerre, les jeunes miliciens et les partisans de la ZANU-PF à l'encontre des partisans du MDC, n'aient déjà porté atteinte à la crédibilité de toute issue possible. Pour l'ICG, le meilleur moyen pour le Zimbabwe de se sortir de la crise serait de former un gouvernement d'union nationale sous la direction du MDC. Ce que rejette Mugabe qui se dit prêt à accepter l'idée mais sous sa direction. D. B.