“La reprise de la lutte armée est toujours envisageable pour le Polisario. Le 12e congrès, tenu en décembre 2007, n'a pas écarté cette option de reprise des hostilités et c'est au Maroc d'en assumer l'entière responsabilité.” C'est, du moins, ce qu'a déclaré le ministre sahraoui du Développement, hier, lors d'une conférence de presse animée au siège de la wilaya de Tizi Ouzou. Niâma Saïd El Djemani constate, en effet, que les négociations piétinent, d'où ses craintes d'un retour à la case départ. “Si nous avons choisi la voie pacifique, c'est pour montrer la bonne foi du Polisario dans des négociations directes que nous avons toujours souhaité justes et démocratiques, permettant au peuple sahraoui de concrétiser son autodétermination en toute liberté”, estime le conférencier. Ce dernier nuance cependant son propos en estimant que si les pourparlers piétinent dans une impasse, la lutte armée s'imposera alors comme seule alternative. “Nous sommes prêts militairement”, menace-t-il. M. Saïd El Djemani, qui se dit révolté par le parti-pris de l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, a réitéré la position du Polisario qui a récusé le représentant du SG de l'organisation onusienne. Le diplomate Peter van Walsum, qui a supervisé pour le compte de l'ONU les quatre rounds de négociations à Manhasset, avait affirmé, dans son dernier rapport au Conseil de sécurité, que l'option de l'indépendance du Sahara occidental n'est “ni réaliste ni réalisable” et que, par conséquent, le Polisario “doit y renoncer”. Le chef du Polisario, Mohamed Abdelaziz, a haussé le ton en demandant carrément le changement du superviseur par M. Ban Ki-Moon. Mais les Nations Unies semblent camper sur leur position, puisque Peter van Walsum est maintenu dans son statut de médiateur de l'ONU dans le dossier du Sahara occidental. Tenu en mars denier à Manhasset, le quatrième cycle des pourparlers n'a pas permis au dossier sahraoui d'avancer. Si le Polisario réclame l'indépendance par l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental, le Maroc, en revanche, s'en tient, lui, à l'option d'autonomie sous souveraineté marocaine. Une pierre d'achoppement qui a cristallisé les tensions, maintenant ainsi les pourparlers dans une impasse intenable sans aucune avancée vers une solution de compromis. Cela n'a pas empêché le superviseur onusien d'appeler à des négociations “sans conditions préalables et de bonne foi” dans l'optique d'arriver à une solution juste et mutuellement acceptable. “Le ministre sahraoui du développement se trouve en Algérie à la tête d'une délégation sahraouie qui participe à une campagne d'information politique et culturelle de solidarité avec le peuple sahraoui. Avant-hier, Saïd El Djemani a participé à une rencontre avec les élus au siège de l'APW de Tizi Ouzou. Le président de l'APW, Mohamed Ikherbane, a réaffirmé le devoir de tout un chacun de soutenir le peuple sahraoui en lutte pour son indépendance. Le ministre sahraoui était venu à Tizi Ouzou à la tête d'une délégation sahraouie, en 1975, lors de l'annexion par le Maroc de cette ancienne colonie espagnole. Il dit avoir trouvé la même hospitalité dans cette wilaya, à ses yeux, révolutionnaire à bien des égards. Y. A.