Les récentes déclarations des responsables du Front Polisario montrent clairement leur agacement quant à cette situation de laisser-aller des Nations unies dans la gestion du conflit et considèrent que l'option d'une reprise des armes demeure fort probable si rien ne change d'ici fin 2008. Abdelkader Taleb Omar et Mahfud Ali Beiba, respectivement Premier ministre de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et chef de la délégation sahraouie aux négociations de Manhasset avec le Maroc, ont fait état dans des déclarations séparées de l'impossibilité pour les Sahraouis d'accepter le statu quo actuel. Le chef du gouvernement sahraoui a dénoncé l'“absence d'agenda” pour la reprise des négociations tout en appelant l'ONU à “bouger”, la mettant en garde contre une “explosion” au Sahara occidental, en raison de la poursuite de la répression marocaine dans les territoires sahraouis occupés. C'est le même constat d'échec du négociateur sahraoui, Mahfud Ali Beiba, dans un entretien accordé au quotidien français l'Humanité. “Il n'y a aucun résultat. Le Maroc ne négocie pas ; il pose des pré-conditions et veut imposer son point de vue, à savoir l'autonomie dans le cadre de la souveraineté et de l'intégralité marocaines”, a-t-il affirmé. S'interrogeant sur la souveraineté et le droit de décider, qui devrait revenir au peuple sahraoui, il indiquera : “Nous considérons que la proposition du Maroc est une option de plus mais elle n'est pas unique. Nous lui avons même dit que la médiane entre l'intégration et l'indépendance, c'est l'autodétermination mais pas l'autonomie. Il appartient aux Sahraouis de décider.” À propos de la position de l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental, Peter Van Walsum, Mahfud Ali Beiba dira que le réalisme “consiste à voir les choses telles qu'elles sont et non telles que nous souhaiterions qu'elles soient. La réalité, c'est la résistance sahraouie face au Maroc et aux grandes puissances pour obtenir son droit à l'autodétermination. Dire aux Sahraouis qu'il faut renoncer à ce droit est une interprétation erronée et inacceptable de la réalité. Peter Van Walsum se doit d'appliquer les résolutions internationales d'un organisme à l'origine de cette disposition”. De son côté, le Premier ministre sahraoui estime que “la tenue de nouvelles négociations paraît difficile tant que Van Walsum reste”, car “il a violé le principe d'impartialité qui doit caractériser sa fonction”. Selon lui, “le rôle de l'ONU est de faire appliquer la légalité internationale. Si elle devient l'outil de la consécration du fait accompli colonial alors on en a pas besoin”. Face à cette impasse, les deux responsables du Front Polisario ne laissent guère planer de doutes quant à une reprise des hostilités armées. Ainsi, Abdelkader Taleb Omar annoncera que le Front Polisario “se prépare à l'option de la reprise de la lutte armée mais ne souhaite pas la guerre”. Le patron des négociateurs sahraouis lance quant à lui un véritable ultimatum en affirmant : “Nous sommes disposés à poursuivre le processus de dialogue mais nous avons également un contrat avec notre opinion, les militants sahraouis. Si d'ici à fin 2008 nous n'aboutissons à rien, nous leur présenterons la situation telle qu'elle est et nous leur laisserons la liberté de choisir quelles suites donner. Nous ne pouvons pas continuellement attendre une décision qui ne vient pas.” La balle est dans le camp des Nations unies, appelées à relancer le processus de négociations conformément à la légalité internationale pour aboutir à une solution juste et durable pour éviter à la région une guerre dont elle n'a pas besoin. K. ABDELKAMEL