Au-delà de ce montant, qui peut paraître important, en termes de poids dans l'économie, le secteur des assurances est léger. Le taux de pénétration de 0,7% est “faible par rapport à nos pays voisins”. Le chiffre d'affaires des opérations directes réalisées par les entreprises du secteur des assurances durant le premier trimestre 2008 est estimé à 20,9 milliards de DA (non compris les acceptations internationales de la CCR et la production de la Maatec) alors qu'il était de 17,5 milliards de DA à la même période de 2007, soit une progression de 19,5%. C'est ce qui ressort de la note de conjoncture du marché des assurances au premier trimestre 2008 publié par le Conseil national des assurances (CNA). En matière de production, la branche automobile affiche une hausse de 18,4% contre 12,6% au premier trimestre 2007. “Près de 80% de la production de l'assurance automobile correspond à la couverture des garanties facultatives”, explique le CNA. Leur chiffre d'affaires est en hausse de plus de 20%, alors que la garantie de responsabilité civile a connu une hausse moindre, de 15%, ce qui renforce donc le poids des garanties facultatives. Pour rappel, une augmentation de 20% du tarif de l'assurance Responsabilité civile automobile est entrée en vigueur en janvier 2008. Cette augmentation est néanmoins étalée sur deux ans, à raison de 5% tous les six mois. Les assureurs avaient justifié l'augmentation par le déficit énorme enregistré par les compagnies d'assurances sur cette garantie. Le président de l'Union algérienne des sociétés d'assurance et de réassurance (UAR), M. Amara Latrous, a expliqué que lorsqu'une compagnie encaisse 100 DA en assurance automobile, elle débourse 230 DA pour un sinistre. Et en matière d'accident de la route, rapport à la même période de 2007, “les principaux indicateurs affichent une hausse de 4,3%, 10,5 %, 13,5% ou 10,3 % selon qu'on raisonne dans l'ordre en nombre d'accidents, en nombre d'accidents corporels, en nombre de tués ou en nombre de blessés”, regrette le CNA. Citant le Centre national de prévention et de sécurité routière (CNPSR), la note de conjoncture précise que “les principales causes de l'augmentation des accidents sont à rechercher dans la forte progression du parc automobile, le non-respect du code de la route et le mauvais état des véhicules et des routes”. Pour autant, ce qui peut paraître paradoxal “la fréquence des sinistres déclarés a connu une hausse modérée ce trimestre (+ 6%), plus liée à la fréquence des sinistres matériels. Les sinistres corporels ont, par contre, été marqués par une baisse, notamment chez le leader de la branche”, indique le CNA. En contexte de stabilité des coûts des sinistres, cette situation est favorable à l'amélioration de la marge d'assurance. “Dans les faits, cela s'est accompagné d'une hausse du stock des sinistres à payer en nombre (+19%) et en montant (+24%) à la fin du trimestre face un volume des indemnisations en légère baisse (-1%)”, souligne la note de conjoncture. Alors que c'est à ce niveau que les compagnies d'assurances doivent faire des efforts, en appliquant la convention d'indemnisation directe des assurés (IDA). La branche IARD a connu une augmentation de près de 36% (+65% au premier trimestre de 2007), augmentation provenant essentiellement de la branche incendie dont le poids approche les 60%, et l'augmentation a dépassé les 100% comparativement à la même période de 2007. Les contrats couvrant les risques de Sonatrach qui représentent près de la moitié de la production incendie constituent l'essentiel de cette augmentation. L'assurance construction (engineering) a, quant à elle, connu une baisse de près de 27% en raison du non-renouvellement de contrats importants souscrits en 2007 dans le domaine de l'engineering. Par ailleurs, les branches Responsabilité civile générale et catastrophes naturelles, Catnat, ont enregistré des hausses de 30% et 40% de leurs portefeuilles respectifs. La branche Transport a enregistré durant le 1er trimestre une baisse de 30,7% qui s'explique par le recul de la production dans le transport de marchandises par voie maritime du fait du non-renouvellement d'importants contrats liés aux travaux d'infrastructure de transport, contrats qui ont occasionné au 1er trimestre 2007 une forte hausse de la production de la branche (+84%). Au-delà de ce phénomène, la branche Facultés maritimes a enregistré une importante hausse de près de 40%. Des évolutions contrastées sont à signaler dans les autres branches : hausse de plus de 12% pour la garantie Corps aérien, légère baisse pour la garantie Corps de véhicules maritimes (-4%), et baisse dans la branche Responsabilité civile des transporteurs. La branche des risques agricoles poursuit sa chute (-20,3%) sur ce premier trimestre. La baisse concerne à la fois la production animale et végétale et est liée à l'extension de la population des agriculteurs touchés par les problèmes financiers. Cela induit le non-renouvellement des rares contrats d'assurance souscrits. L'assurance-vie demeure le parent pauvre du secteur des assurances Avec une part de près de 8% du chiffre d'affaires total du marché et une hausse de 24% par rapport à la même période de l'année précédente, les assurances de personnes ont contribué pour plus de 9% de la production additionnelle du secteur, grâce à l'assurance groupe ainsi qu'aux assurances prescrites par les banques. “La vente concomitante de certaines garanties telle que ‘l'individuelle accident' est aussi à signaler”, indique le CNA. Comparativement au taux de +154% enregistré au 1er trimestre 2007, on observe durant le 1er trimestre 2008, un ralentissement de la croissance du chiffre d'affaires de cette branche (+42%) dû à l'enregistrement dans la branche vie-décès, des primes correspondant à la garantie décès des contrats Crédit comptabilisés jusque-là dans la branche Crédit alors qu'ils devaient être inscrits en assurance de personnes. L'évolution du chiffre d'affaires de la branche reste intimement liée à celle du crédit à la consommation. Les entreprises orientées sur cette branche ont enregistré, durant ce trimestre, une forte augmentation de leur chiffre d'affaires, notamment dans le crédit à l'immobilier où plusieurs conventions de partenariat ont été signées avec les banques. L'assurance automobile avec 41,5% se retrouve en deuxième position, devancée par l'IARD qui gagne plus de 5 points et détient une part de 42,5%. La part des assurances de personnes s'établit à 7,7% occupant ainsi la 3e position, au détriment de la branche Transport qui a perdu 5 points comparativement au 1er trimestre 2007 et détient ainsi une part de 6,8%. Les branches Assurances agricoles et Crédit caution ne dépassent pas 1% du chiffre d'affaires global du secteur. Le marché des assurances reste toujours dominé par les entreprises traditionnelles (SAA, CAAR, CAAT et CNMA) qui détiennent 59% de parts de marché, en baisse par rapport au 1er trimestre 2007 (67%). Les nouvelles compagnies (créées depuis 1995) détiennent pour leur part 41% de la production globale du trimestre. La branche IARD explique en grande partie cette structure, grâce notamment à la performance réalisée par la CASH suite à la forte hausse réalisée en Incendie (contrat Sonatrach). Mais au-delà de ces chiffres en termes de poids dans l'économie, le secteur des assurances est léger. Le taux de pénétration de 0,7% est “faible par rapport à nos pays voisins”. Les dépenses des ménages en produits d'assurance sont évaluées à 17 dollars par habitant seulement. Incontestablement, c'est au niveau des assurances de personnes (accident, maladie, prévoyance, capitalisation) que le potentiel est le plus important en liaison avec un niveau d'épargne des ménages énorme et une offre d'assurance quasi nulle, notamment en matière de prévoyance et de capitalisation. Le nombre de points de vente de produits d'assurance est lui aussi jugé faible. “Un point de vente pour 28 000 habitants”. Tous ces paramètres révèlent l'énorme besoin qui reste à couvrir par les assureurs. Meziane Rabhi