L'ex-GSPC a revendiqué les attentats suicide perpétrés ces dix derniers jours en Algérie. Ainsi, selon un enregistrement sonore lu par un certain Salah Abou Mohammed, “porte-parole” du groupe terroriste algérien, diffusé par la chaîne Al-Jazeera dans la soirée de jeudi, les attaques de Zemmouri El-Bahri, des Issers et de Bouira seraient une réponse à l'élimination de 12 de leurs membres tués début août à Tizi Ouzou. Selon le document sonore, ces attaques baptisées “opération vengeance” décidées par Abdelmalek Droukdel devraient prendre fin le 21 août 2008. L'auteur de l'enregistrement avertit que “son organisation va riposter vigoureusement à toute attaque des forces de sécurité algériennes”. Fidèle à sa stratégie cynique basée sur le mensonge, l'ex-GSPC est allé jusqu'à nier la mort de civils dans les derniers attentats. “Les garde-côtes de Zemmouri, la caserne des Issers, la societé canadienne SNC Lavalin sont-elles des cibles civiles ?” s'est interrogé le porte-parole Salah Abou Mohammed qui s'adresse au monde musulman pour démentir les informations concernant ces attaques contre les civils. L'ex-GSPC a également affirmé que “le kamikaze, qui a exécuté l'attentat de Bouira contre les travailleurs de SNC Lavalin, porte le surnom de Abderahmane Abou Djer El-Mauritani alors que celui qui a mené l'opération contre le secteur militaire de Bouira s'appellerait Abou Bakr El-Assimi ; quant à l'attentat de Zemmouri, il aurait été exécuté, selon le porte-parole de l'ex-GSPC, par Mohammed Abou Sadjed El-Assimi”. Curieusement, le communiqué passe sous silence les attaques menées à Jijel et à Skikda où plus de 14 membres du corps de sécurité ont été tués dont le chef du secteur militaire de Jijel et un de ses adjoints. Pourtant, ces opérations ont été menées durant la même période où ont eu lieu les attaques kamikazes perpétrées dans le centre du pays. S'agit-il d'un simple oubli ou c'est une preuve supplémentaire que l'ex-GSPC est traversé par deux tendances à savoir “l'ancienne génération” de la zone III de l'ex-GSPC qui reste cantonnée seulement à l'Est (Jijel, Skikda, Tébessa) et la nouvelle génération qui elle est constituée des groupes de la zone II (Bouira, Tizi Ouzou, Boumerdès) et qui active au centre du pays. La première n'a recours que rarement aux attentats kamikazes, alors que la nouvelle génération composée essentiellement par des éléments recrutés dans le sillage de la guerre d'Irak privilégie de plus en plus ce type d'attentat. Selon de nombreux observateurs, les nouveaux “émirs” de la zone 2 ayant remplacé les anciens, tous tués par les forces de sécurité, calquent désormais leurs attaques sur Al-Qaïda en Irak. Par ailleurs, le communiqué ne donne pas le nom (ou le surnom) du kamikaze des Issers, mais il a esquissé volontairement l'origine des trois kamikazes précités. Ainsi, si l'on se référe aux habitudes de tous les groupes terroristes islamistes qui ont tendance à donner le nom à leurs éléments suivant leur pays ou leur région, il est possible que deux des trois kamikazes seraient des Algérois (El-Assimi veut dire Algérois). Le troisième El-Mauritani (le Mauritanien) serait effectivement un terroriste de nationalité mauritanienne. Ces kamikazes seraient-ils des revenants d'Irak qui ont choisi de “perpétuer” leur sale besogne en Algérie suite aux revers subis par Al-Qaïda en Irak. La question mérite d'être posée. Par ailleurs, et lors de cet enregistrement, le représentant de l'organisation terroriste n'a pas manqué de faire des reproches à la presse en insinuant qu'elle ne dit pas la vérité puisqu'il invite la corporation à “plus de prudence” dans la gestion de l'information sur ses opérations. Pourtant, les faits sont là. Bien que nous ne faisions aucune différence entre un gendarme et un civil, il convient de préciser que les citoyens “musulmans” de Zemmouri, de Jijel, de Aïn Témouchent, d'Oran, de Bouira, de Tizi Ouzou et de tous les coins d'Algérie ont assisté, ces derniers jours, à l'enterrement de leurs morts, tous des civils à l'exemple des jeunes sportifs Ouassim et Nadjb de Zemmouri, de Saïd, Omar de Bouira et de leurs dix collègues morts calcinés parce que leur fiche de paie porte l'en-tête d'une entreprise canadienne, ou bien encore de ces jeunes licenciés chômeurs qui se trouvaient ce 19 août aux Issers dont certains sont morts avec leurs parents et amis venus les accompagner. M. T.