Ils sont nombreux ces adolescents à peine sortis de l'enfance qui envahissent les bords des routes nationales pour proposer leur marchandise, à savoir des fruits de saison, aux passagers venant de différentes régions, qui raffolent de ces produits du terroir. Si en hiver, ces jeunes débrouillards descendent aux bords de la RN26 pour exhiber des grappes de grives, en été, ils proposent à “leur clientèle” des fruits fraîchement cueillis dans les vergers de la vallée de la Soummam. Profitant de cette période de vacances estivales où plusieurs familles émigrées – vivant à l'étranger ou dans d'autres régions du pays – (re)viennent au pays kabyle pour se ressourcer et se détendre, bon nombre de jeunes chômeurs se créent des activités, même si saisonnières, mais fort lucratives, qui leur permettent d'avoir un modeste pécule. Une saison, il est vrai, propice à ce genre d'activités ou, à proprement parler, de petits jobs d'été dont l'essor est intimement lié à la débrouillardise de nos chers bambins. Même si l'on remarque que ces activités saisonnières attirent aussi des personnes moins jeunes, il n'en demeure pas moins que la classe juvénile demeure la plus intéressée par ces occupations occasionnelles. Ils sont, en effet, nombreux ces adolescents à peine sortis de l'enfance qui envahissent les bords des routes nationales pour proposer leur marchandise, à savoir des fruits de saison, aux passagers venant de différentes régions, qui raffolent de ces produits du terroir. Si en hiver, ces jeunes débrouillards descendent aux bords de la RN26 pour exhiber des grappes de grives, en été, ils proposent à “leur clientèle” des fruits fraîchement cueillis dans ces vergers de la vallée de la Soummam. Selon certains jeunes vendeurs que nous avons rencontrés entre les localités de Takrietz et Sidi-Aïch, en cette journée du mois d'août, le fruit le plus prisé durant la saison estivale est la figue de Barbarie. Ce dernier, appelé communément “thakermousth” en Kabylie, est réellement très apprécié par les consommateurs qui lui décernent volontiers la palme de dessert phare eu égard à sa saveur rafraîchissante, voire désaltérante. Néanmoins, sa cueillette n'est pas une sinécure. À vrai dire, les conditions dans lesquelles travaillent ces jeunes sont loin d'être enviables. “Il faut se réveiller très tôt le matin pour quitter son domicile vers l'aube. Ensuite, il faudra prendre le chemin de l'oued Soummam à la recherche des plantations aux fruits mûrs. Sur les lieux, plusieurs précautions devront être prises : ne pas se faire piquer par les épines de ces cactus charriées par les rafales de vent, éviter le risque d'être surpris par un éventuel fermier se revendiquant propriétaire des lieux et, surtout, achever la collecte avant que les premiers coups de chaleur ne pointent à l'horizon”, témoigne Rachid, un adolescent originaire de Takrietz, visiblement bien rodé à ce genre d'activités. Il est à noter que les bêtes de somme demeurent ici le seul moyen de transport de la marchandise. Une fois les quantités destinées à être transportées sont cueillies, elles doivent être immédiatement débarrassées de leurs épines à l'aide de brosses traditionnelles spécialement conçues pour la circonstance. On procède ensuite au rangement des fruits récoltés qu'on met dans des cagettes ou bidons de peinture. Les bêtes chargées achemineront la récolte du jour vers les lieux de vente, en serpentant les sentiers sinueux menant de la rive gauche de la Soummam vers la RN26. À leur arrivée, ces vendeurs de fortune procèdent à l'étalage de leur marchandise tout au long de la chaussée, en présentant de différents réceptacles pleins à craquer de ce mirobolant fruit. Ainsi, des automobilistes et autres usagers de la RN26, alléchés par le délice de ces fruits “exotiques”, ne peuvent s'empêcher de s'arrêter pour s'offrir un pot de figues de Barbarie. Certains clients, dont l'appétit est irrésistible devant cet achalandage soigneusement mis en place, se mettent à déguster ce délicieux fruit sur place, avant de marchander le prix. Il faut préciser que même si un bidon de dix litres est généralement cédé à deux cents dinars, le coût de la marchandise reste négociable. C'est vers la fin de l'après-midi que ces vendeurs cassent les prix en raison du risque de détérioration que la chaleur caniculaire de la journée fait subir à la cueillette de la matinée. nous arrive parfois de brader carrément notre marchandise le soir pour pouvoir rentrer chez nous avant la tombée de la nuit. Et c'est reparti dès le lendemain matin pour s'approvisionner à nouveau dans l'espoir de faire le plein”, renchérit un jeune émule, la vingtaine d'années consommée. KAMEL OUHNIA