“Soit ils se débarrassent de leurs bêtes et cessent l'activité de l'élevage, soit ils sortent de la ville pour aller ailleurs poursuivre leur activité dans les douars”, menace un élu qui semble saisir l'ampleur du drame après que plusieurs habitations situées dans certains quartiers de la ville sont devenues de véritable étables. L'élevage ovin dans les quartiers et les cités de la ville de Batna commence à prendre des proportions alarmantes, voire même dangereuses. La contagion d'élevage ovin est en train de gagner de plus en plus la population urbaine. Le phénomène est même trop voyant. Selon les témoignages des citoyens, on ne parle plus de quelques têtes qui errent et se nourrissent des ordures ménagères mais, carrément, de troupeaux élevés dans les garages et les cours des maisons, transformés en la circonstance en étables. Malgré les textes qui interdisent ce type d'élevage dans les villes, certains citoyens, par ignorance ou par préméditation, n'en font qu'à leur tête et exercent cette activité sous prétexte qu'elle est leur seule source de revenus. Le phénomène est devenu une source de pollution de l'environnement. Des lieux où sont hébergées ces têtes ovines se dégagent des odeurs pestilentielles. Des cités sont devenues de véritables laboratoires de production des mouches et des moustiques. Les voisins de ces éleveurs n'ont cessé de se plaindre de cette pollution sans aucun résultat. “À chaque fois que je me plains, on me répond par dir kif djarek ouala haouel bab darek (fais comme ton voisin ou déménage !), selon un plaignant. L'inertie des autorités locales fait que “tout le monde supporte et se tait !”, comme le fait remarquer un autre plaignant. Qui des citoyens n'a pas vu ces bêtes errer et paître dans les poubelles ou carrément dévorer le gazon et les arbustes dans leurs quartiers. Les propriétaires de ces bêtes, au vu et au su de tout le monde, se permettent même de tirer les sacs d'ordures ménagères des bacs et des conteneurs, de les éventrer et les exposer à leurs troupeaux pour les manger. Dans certains quartiers, à proximités des montagnes et des champs, des citoyens affirment même qu'ils ont vu de leurs propres yeux de véritables troupeaux ovins traverser leurs quartier quotidiennement. Sortir paître le matin et rentrer dans les maisons-étables le soir. Personne ne réagit ! “De quoi je me mêle ? Pourquoi les autres ne parlent pas ?”, pensent tout bas les citoyens… Chacun, dans sa lâcheté, trouve l'excuse valable pour ne pas intervenir. On ferme les yeux, on feint de ne rien voir et on passe. La citoyenneté, le civisme sont devenus “démodés” et tout le monde s'en lave les mains, comme si le problème n'est pas le leur, mais celui des autres. En réaction à ce phénomène, qui ne sied pas à l'image de la capitale des Aurès et qui est en train de polluer les quartiers de la ville, les élus et le P/APC affirment qu'ils sont en train de préparer un vaste programme de lutte contre l'élevage sous toutes ses formes (ovin, caprin, bovin et volailles) pour assainir les quartiers de la ville et éradiquer, définitivement, ce phénomène. “Cette forme d'élevage a pris des proportions démesurées ces dernières années. Des bêtes sont élevées dans les cours et les garages situés dans les quartiers de parc à fourrage, Bouakal, Douar Eddis, Z' Mala, Bouzourane et commencent à constituer une véritable menace sur la santé de la population”, nous explique-t- -on. “D'abord nous allons initier une campagne de sensibilisation sur les dangers de l'élevage en ville. Ensuite, nous allons prendre des mesures sévères contre les éleveurs dans la ville qui refusent de se plier à la loi et cesser leurs activités d'élevage”, explique le P/APC. “Soit ils se débarrassent de leurs bêtes et cessent l'activité de l'élevage, soit ils sortent de la ville et vont poursuivre leur activité d'élevage dans les douars”, menace un autre élu. B. Boumaïla