Le Pentagone a démenti les informations des services de sécurité pakistanais selon lesquelles des tirs des forces pakistanaises ont contraint des hélicoptères de l'armée américaine survolant le Pakistan à rebrousser chemin vers l'Afghanistan. Selon ces sources, l'incident s'est produit près d'Angor Adda, un village de la zone tribale du Sud-Waziristan, où des commandos américains ont mené une opération héliportée le 3 septembre. Faux, a déclaré le porte-parole du Pentagone, Bryan Whitman. Pourtant, l'information est confirmée par des habitants d'Angor Adda et des responsables civils. L'armée pakistanaise, généreusement financée par Washington, a, selon plusieurs sources, ouvert le feu dimanche contre des hélicoptères étasuniens. Ces événements se seraient déroulés dans les fameuses zones tribales, à la frontière avec l'Afghanistan voisin, pays où les forces de l'OTAN subissent les incursions des talibans qui se réfugient ensuite au Pakistan. Cet accrochage est la conséquence de l'escalade militaire décidée à Washington. À bout de patience avec son allié, l'administration Bush vient en effet d'autoriser des opérations terrestres sur le territoire pakistanais sans l'aval des autorités. Islamabad a immédiatement prévenu qu'il réagirait contre toute violation de sa souveraineté. Les Européens, qui combattent eux aussi en Afghanistan, ne semblent pas avoir été consultés sur ce tournant stratégique. Quelques mois avant son départ de la Maison-Blanche, Bush risque de léguer une nouvelle bombe, après l'aventure irakienne, à son successeur. Le moment de l'ouverture de ce nouveau front est particulièrement mal choisi. Les civils sont enfin de retour au pouvoir à Islamabad, mais le nouveau président Asif Ali Zardari est très loin de présenter toutes les garanties d'intégrité, lui qui a accumulé les preuves sur les pots-de-vin touchés quand il n'était alors que l'époux de Benazir Bhutto. L'affaire a été classée par Islamabad fin août afin de ne pas compromettre son accession à la fonction suprême. Alors que les Etats-Unis avaient fait preuve d'une infinie patience avec le président général Musharraf, le gouvernement civil pakistanais est déjà mis au pied du mur. Zardani prône une solution négociée avec toutes les composantes du pays pour la question du terrorisme. D. B.