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Quand la France fait dans le zèle
Publié dans La Nouvelle République le 02 - 05 - 2011

Vingt-cinq ans après le raid punitif des Etats-Unis contre Tripoli et Benghazi, le 14 avril 1986, la Libye est à nouveau la cible de l'aviation occidentale dans une configuration nouvelle destinée officiellement à protéger la population contre la sanglante répression du Colonel Mouammar Kadhafi.
Quarante-deux ans d'un pouvoir exécrable ne tolèrent, certes, nulle indulgence. Mais l'argumentaire occidental, « la protection des populations », une version réactualisée de l'ingérence humanitaire, gagnerait toutefois en crédibilité si une telle mesure s'était appliquée également aux pays en proie à la même contestation populaire, périphériques de l'Arabie saoudite, particulièrement Bahreïn et le Yémen, où la répression a atteint le même degré de férocité qu'en Libye. L'instauration d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye a été accueillie avec réserve par la Syrie et l'Algérie, qui ont préconisé une solution interarabe de crainte d'une nouvelle mainmise occidentale sur ce pays, à la différence des pétromonarchies trop heureuses de cette intrusion. Il n'est pas indifférent de noter dans cette perspective que seules les monarchies arabes (la Jordanie, le Qatar et Abou Dhabi) ont apporté leur caution militaire à cette opération. L'imposition de cette mesure, le 18 mars 2011, au terme d'un mois de conflit, révèle la duplicité de la diplomatie occidentale dans le traitement des grands problèmes internationaux, particulièrement en ce qui concerne la gestion des conflits du tiers monde. Que cela soit pour la Libye ou pour la Palestine, soumise à un blocus de fait d'Israël sans la moindre protection face à la soldatesque israélienne, particulièrement à Gaza. Que cela soit aussi pour le Liban, objet de tous les soins de la diplomatie occidentale en vue d'instrumentaliser la justice internationale à des fins de criminalisation du Hezbollah, ou encore pour le Pakistan exonéré de cette même juridiction dans la recherche de la responsabilité de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Benazir Bhutto, pour fait de coopération dans la lutte anti-taliban. L'intervention militaire occidentale en Libye en pleine phase de reprise en main de la révolte arabe par les monarchies arabes, avec l'intervention de l'Arabie saoudite à Bahreïn, traduit le souci des dirigeants arabes et de leurs alliés occidentaux de donner un coup d'arrêt à la contestation populaire arabe en vigueur dans dix des vingt pays membres de la Ligue arabe, à l'effet de saper les fondements de l'ordre régional fondé sur le primat de l'axe israélo-américain. Les tergiversations occidentales à l'égard de cette mesure masquent mal les compromissions de l'Europe avec le gouvernement du colonel Kadhafi et s'expliquent par l'importance que revêt le marché libyen aux yeux des divers protagonistes, notamment au niveau des transactions militaires : quatorze des vingt-sept pays membres de l'Union européenne exportent des armes vers la Libye, pour un montant de 844 millions de dollars, alors qu'un embargo « de facto » sur les livraisons d'armes est désormais en vigueur. Premier fournisseur, l'Italie a vendu à la Libye, en quatre ans, de 2005 à 2009, pour 276,7 millions de dollars d'armes, suivie, en seconde position, par la France 210,5 millions, en 3e position, le Royaume-Uni (119 millions), en 4e position, l'Allemagne (83,4 millions), Malte (79,7 millions). Le bombardement français de la Libye à la veille d'une consultation électorale aléatoire pour le parti majoritaire, - les cantonales de 2011 marquées par une percée du Front national au détriment du l'UMP -, confirme la permanence d'une pulsion démagogique dans la démarche politique du chef de l'Etat français, déjà observée lors de la campagne présidentielle de 2007. Le candidat de droite s'était alors distingué par la stigmatisation de la composante arabo-musulmane de la population française qu'il se proposait de nettoyer au «karcher» du fait qu'elle «égorgeait des moutons dans leur baignoire». A l'aide de la caution d'un arabe, le Qatar, le plus pro-israélien des dirigeants français, a visé ainsi à se dédouaner aux yeux de l'opinion arabe, après la levée de boucliers de son électorat arabo-musulman, «les franco-musulmans de l'UM», dans la foulée de la relance cyclique du débat sur l'Islam en France. L'empressement de la France à prendre la tête de cette nouvelle « croisade », selon l'expression même de son ministre de l'Intérieur Claude Guéant, répond au souci de Nicolas Sarkozy de gommer de la mémoire l'accueil triomphal réservé à Kadhafi, en décembre 2007, avec l'installation de sa tente dans le périmètre de l'Elysée, en même temps que de se dédouaner de sa complaisance ancienne avec les dictateurs arabes. Le zèle français est destiné en outre à compenser la faillite du projet phare de la diplomatie sarkozyste, l'Union Pour la Méditerranée, dont les deux piliers sud, l'Egypte de Hosni Moubarak et la Tunisie de Zine el Abidine Ben Ali, ont sombré corps et âmes, ainsi que par l'activisme qu'il a déployé dans la mise en place du blocus de Gaza, l'enclave palestinienne détruite par les Israéliens. Le président américain George Bush et sa secrétaire d'Etat Condoleeza Rice, le Premier ministre israélien Ehud Olmert et son ministre des Affaires étrangères Tzivi Lipni, de même que le président égyptien Hosni Moubarak et son ministre des Affaires étrangères Ahmad Aboul Geith et le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner ont déjà quitté le pouvoir. De tous les protagonistes de ce drame, seul Nicolas Sarkozy demeure en poste. Son objectif sous-jacent est de reprendre la main après un hiver particulièrement rude pourr la diplomatie française, après la dés-arabisation du Quai d'Orsay, face à la contestation générale de ses amis du pourtour méditerranéen. Le test de la crédibilité occidentale en Libye se jouera lors du débat sur l'imposition d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de Gaza, demandée par la Ligue arabe, en réplique à l'intervention de l'Otan en protection du peuple libyen. Sur les malheurs du peuple libyen, Nicolas Sarkozy a scellé sa réconciliation avec le philosophe du botulisme Bernard Henry Lévy, purgeant un contentieux souterrain para-matrimonial, dont la descendance du roman-enquêteur en porte les stigmates brunis, à la faveur d'un indécent ballet diplomatique, instrumentalisant l'opposition libyenne sur fond de gesticulation médiatique. Au risque de délégitimer l'opposition libyenne, la France a cherché à se refaire une virginité politique. Au risque de replacer le peuple libyen sous la tutelle de pays occidentaux qui se sont fort peu préoccupés de sa liberté, elle a fait du théâtre libyen une kermesse, distribuant des satisfactions d'amour propre aux principautés pétrolières en compensation de gracieusetés dont elle a bénéficié de sa part. Sous son parrainage, l'aviation d'Abou Dhabi a procédé en Libye à des exercices délocalisés en contrepartie des facilités militaires qu'elle a offertes à la France par l'octroi d'une base aéronavale, face à l'Iran. Le Qatar, lui, a payé le prix fort sa participation au châtiment de la Libye. Son association à ces manœuvres paraît destinée à lui donner satisfaction, au titre de remboursement symbolique de la rançon qu'il a payée, pour le compte de la France, pour la libération des infirmières bulgares, en lui offrant l'occasion de venger le directeur du service photo de la chaine transfrontière « Al Jazira » tué lors d'une embuscade tendue par le clan Kadhafi à Benghazi. L'émirat a pris en charge, parallèlement, la commercialisation du pétrole libyen produit dans les zones sous contrôle de l'opposition anti-Kadhafi, soit une production de l'ordre de 100 000 à 130 000 barils de pétrole. Une aubaine pour les compagnies de navigation, les compagnies d'assurances et les marchands d'armes. En s'engageant indirectement à trouver des ressources financières à l'effort de guerre interlibyen, le Qatar confirme sa vocation de base régionale de l'armée américaine, de banque de réserve occidentale, puisqu'il apporte sa caution à une opération occidentale, en soutenant de surcroît partiellement son effort de guerre. La participation dans un exercice aérien sans risques militaires majeurs, de l'avion de combat français « Rafale », à la commercialisation problématique, cache mal, sous couvert d'arguments humanitaires, des considérations mercantiles, tout comme le vœu secret nourri de céder au Qatar, le coffre-fort de la France, des vieux chars Leclerc français recyclés, invendables sur le marché international. Aucune intervention occidentale à l'encontre du Monde arabe, même la plus louable, n'est jamais totalement innocente, tant perdurent les effets corrosifs des actions passées et demeure vivace le souvenir de leurs méfaits. Et l'intervention en Libye n'échappe pas à la règle en ce qu'elle ne cible qu'un régime républicain, à l'exclusion de toute monarchie, les exonérant de leurs turpitudes et de l'impérieuse nécessité de changement. Nul n'a été dupe de ces manigances et simagrées à connotation électoraliste, où beaucoup en France, face à tant de stigmatisations gratuites, envisagent de faire appliquer à Nicolas Sarkozy le mot d'ordre de la rue arabe « Erhal, Erhal Sarkozy, dégage Sarkozy », à l'occasion des prochaines élections présidentielles de 2012. René Naba

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