Les régimes en place qui veulent rester au pouvoir se trouvent dans une posture difficile. Ils avaient promu et savent qu'ils n'ont pas tenu leurs promesses qui étaient pourtant annoncées fermement. Aucun des régimes arabes n'a voulu aller le plus loin possible dans les réformes politiques. Il en était attendu que pour l'accès au pouvoir, des urnes aux résultats sincères ne fourniraient pas des arguments sérieux à l'emploi des armes ou à des émeutes politiques. Les urnes et non les armes et les émeutes. Il était donc attendu que les urnes sincères et le dialogue allaient s'inscrire dans la tradition. Pratiquement, aucun pays au monde ne peut affirmer qu'il rejette toute forme de démocratie. Ce serait vraiment suicidaire. Quand Ben Ali et Moubarak, Bachar El-Assad et Ali Abdallah Saleh, pour ne parler que de ceux-là, avaient pris le pouvoir, ils avaient fortement insisté sur leur volonté inébranlable à instaurer la démocratie. Leurs peuples avaient cru vraiment ressentir le souffle de la démocratie. Des réformes allaient être lancées desquelles il était attendu que les différences allaient finir par se surmonter au lieu de se menacer mutuellement, et qu'allait être réhabilitée la souveraineté populaire et fatalement les alternances au pouvoir. Il en était également attendu que pour ce qui concerne les revendications portant sur le pouvoir d'achat, l'augmentation des salaires, l'emploi, les conditions socioéconomiques, le dialogue et les négociations allaient être promues au lieu des émeutes sociales qui finissent toujours par revêtir une coloration politique. Faire encore d'autres promesses ? Ben Ali en a encore faites en demandant seulement à rester jusqu'en 2014, jusqu'à la tenue de la future élection présidentielle à laquelle il n'allait pas se présenter. Saleh est entré dans une période d'oscillations. Trop tard. Même cas pour Moubarak que le peuple ne voulait plus croire. Kadhafi ne comprenait pas ce qui lui arrivait. «Le peuple m'aime» répète-t-il. Eux écoutaient leur cour leur disant : «Le peuple ne veut que toi»...