Qui ne se souvient pas de Khaled Barkat, pop star algérienne des années 1980, en plein essor d'un genre musical sirupeux qui avait fait frémir bien des cœurs féminins avec «Zourini», «Ana machi» ou bien «Ouine a Ouine», dans lesquelles sa voix finaude avait fait mouche grâce à une interprétation moderne, épurée et fondamentalement actuelle (à l'époque), cet enseignant de musique dans un lycée avait marqué les générations de teenagers de ces années-là ? Il fera quelques bonnes dates de concerts un peu partout avant de se consacrer à la musique derrière les consoles de son studio de Bellevue, à El-Harrach. Beaucoup l'ont cru parti vers un autre monde, lui qui ne s'est éclipsé que par modestie. Cependant, celui qui a marqué son temps a vécu l'inévitable expérience filmique dans La Citadelle de Mohamed Chouikh réalisé en 1988 où il joue le jeune et mystérieux Kaddour, jouet innocent d'une noria de femmes qui en ont fait leur faire-valoir impuissant. Khaled Barkat signera là une brillante interprétation qui sera la seule et unique de sa carrière de comédien. Il est aujourd'hui de retour au cinéma, non pas derrière les consoles, mais plutôt derrière la caméra pour un film qu'il réalise et qui s'intitule tout simplement «Titi». Sur une durée de quelque huit semaines qui se sont étalées entre les mois de février et avril dernier, le film regroupe un casting impressionnant d'artistes qui ont tous accepté de revoir leur prétention à la baisse, histoire de donner une chance à Khaled Barkat de réussir son premier opus dans les meilleures conditions. Le résultat est égal à l'enthousiasme de l'équipe, composée de chevronnés techniciens et à leur tête Allel Yahiaoui, véritable chef d'orchestre et quasiment réalisateur de ce film qui promet de bien belles surprises grâce à une originalité d'écriture créditée sur un script de Khaled Barkat et produite par «Dirah production». L'histoire est simple, elle narre les aventures trépidantes d'un tout jeune garçon nommé «Titi» qui disparaît un jour du regard de ses parents suite à un curieux coup du sort avec une succession de rebondissements et intrigues sur un aboutissement inattendu. L'enfant qui suit un petit chiot va grandir avec l'animal à l'ombre d'un paysan véreux du style Thénardier interprété par Aziz Degga, ce sera ensuite une succession d'aventures émouvantes sur l'échiquier de la vie qui nous feront suivre avec émotions les tribulations de Titi, superbement joué par le jeune Adem Mecili, en compagnie de son chien «Jumbo», vont se poursuivre sur un tournage qui s'est réalisé notamment dans plusieurs quartiers d'El-Harrach, l'Arbaa, Bordj El-Kiffan, Baïnem, en compagnie des deux acteurs principaux que sont Malika Belbey, magistrale dans un éventail d'expressions et de Mustapha Laribi, tout simplement parfait dans son rôle de méchant. Le reste du casting fait appel à des professionnels, avec la présence bienveillante d'Arslane dans son rôle poignant de «Cheikh El Ma», Souad Sebki en infirmière-dame de compagnie convaincante, Abderahmane Boudia en médecin inattendu, Anissa Gadiri en grand-mère muette, pivot d'une intrigue tortueuse avec aussi quelques jeunes premiers, comme le très jeune Rayan qui réussit son rôle de petit clochard toujours à la traîne du héros principal de ce film attachant, surprenant à plus d'un titre avec l'apparition de Ahmed Benaïssa, toujours égal à lui-même dans un rôle adapté à sa stature. Outre un casting surprenant, faisant appel à des comédiens de théâtre comme le jeune Kader de Sidi Bel Abès et aussi Aziz Boukrouni, dans un contre-emploi original. Nous n'oublierons pas Hamid Remas qui a été aussi de la partie pour coacher les comédiens et les mener à bon port dans la réussite de scènes qui ne manqueront pas de faire mouche dans les cœurs de spectateurs. Le film est actuellement en cours de montage et sera présenté au public, en principe à la rentrée prochaine. En attendant que cette production arrive enfin sur la toile, il ne nous restera plus qu'à souhaiter au nouveau-venu, passé de l'autre côté du miroir, bon vent et réussite pour son baptême filmique.