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L'histoire de la Wilaya IV
Publié dans La Nouvelle République le 23 - 06 - 2012

La zone quatre, devenue Wilaya IV après le congrès de la Soummam d'août 1956, s'étendait sur le centre du pays, de l'ouest de la Kabylie à la région de Chlef, sur près de 250 km, d'est en ouest, sur 200 km du nord au sud. Elle englobait notamment Alger, avant que celle-ci ne soit érigée en zone autonome, avant d'être à nouveau rattachée à la wilaya IV.
C'était la région la plus riche du pays. Avec Alger et ses environs, qui regroupait l'essentiel de l'industrie de l'époque, avec aussi les plaines de la Mitidja et du Chélif, la Wilaya IV abritait les directions politiques et militaire de l'occupant, les principales fortunes et les grands lobbies coloniaux. La Wilaya IV a été divisée, dans un premier temps, en quatre zones : zone une : à l'est d'Alger, elle englobe Bouzegza, Zbarbar, Tablat, avec comme principales villes Larbâa, Meftah, Lakhdaria (Palestro), Aïn-Bessem, Thénia (Menerville), Rouiba, Bordj El Kiffan, jusqu'à El-harrach. Zone deux : elle comprend l'Atlas blidéen, les montagnes du Chénoua, la Mitidja et le Sahel. Les principales villes en sont Blida, Médéa, Berrouaghia, Boufarik, Koléa, Mouzaïa, El-Affroun, Hadjout, Cherchell, Chéraga et Birkhadem. Zone trois : elle comprend les monts du Dahra, le Zacar, l'Ouarsenis, la plaine du Chéliff, avec comme principales villes Chlef, Miliana, Khemis-Miliana, Aïn-Defla, Theniet El Had, Ténès, Tissemsilt, Mahdia. En 1957, fut créée une quatrième zone sur l'ancien territoire de la zone une, Wilaya VI, à la suite de la crise née à cette époque suite à l'affaire Cherif Bensaïdi, un officier de l'ALN qui a fait dissidence dans cette région. Cette nouvelle zone englobait les monts du Dirah, Bougaaden, Kef Lakhdar, avec comme principales villes Sour El Ghozlane, Sidi-Aïssa, Aïn Boucif, Bir Ghebalou, Ksar El Boukhari, Aïn Oussera et Ksar Chellala. En juin 1958, cette zone passa de nouveau sous la coupe de la Wilaya VI. En juillet 1958, la zone trois fut partagée en deux, avec comme ligne de partage la route Alger-Oran et le lit de Oued-Chéliff. Le côté sud conserva la désignation de zone trois, alors que le côté nord devint zone quatre, à laquelle fut rattachée une portion de la zone deux, notamment la région de Cherchell. Le congrès de la Soummam donna une véritable structuration à la Wilaya IV, qui y était représentée par quatre dirigeants : Amar Ouamrane, chef de wilaya, Sadek Dehilès, Si M'hamed Bouguerra, Ali Mellah. Aussitôt après le congrès, la wilaya fut structurée à travers ses zones. La zone une tint sa réunion en septembre 1956, à l'issue de laquelle Ali Khodja fut désigné à sa tête. Il était assisté par Si Lakhdar (Rabah Mokrani), chef militaire, Abdelkader Omar Mouhoub (chef politique) et Abderrahmane Laala (liaison et renseignements). La zone deux tint sa réunion le 22 octobre 1956 à Sebaghia. Tayeb Djoughlali fut désigné à sa tête, ses adjoints étaient Hamoud Benyoucef Boudissa (Si Hassan), chef politique, Mohamed Tayeb Slimane (Si Zoubir), chef militaire et Yahia Kalache (Si Lyes), liaisons et renseignements. La zone trois fut structurée en janvier 1957. Son chef était Mohamed Alili (Si Baghdadi), secondé par Djillali Bounaâma (Si Mohamed), chef militaire, futur chef de la wilaya IV, M'hamed Benmahdjoub, chef politique et Mohamed Belkebir (Si Belahcène), chargé des liaisons et renseignements. La situation géographique de la Wilaya IV en a fait une zone extrêmement dure. Incluant Alger, elle s'est trouvée la plus durement surveillée, l'armée coloniale essayant systématiquement de réduire alors les troubles à des régions éloignées. Loin des zones frontalières, elle était la plus difficile à approvisionner en armes à partir du Maroc et de la Tunisie. Elle était également peu représentée au sein de la direction à partir du moment où celle-ci s'installa à l'étranger en 1957. Ses anciens chefs étaient en prison (Rabah Bitat), ou peu influents, comme Ouamrane et Dehilès. Les dirigeants de la Wilaya tentèrent de contourner ce handicap par des contacts avec les autres Wilayas de l'intérieur. Avec la Wilaya V, le contact était permanent à partir de 1957 soit à partir de l'Ouarsenis, soit des monts de Ténès. Avec la Wilaya III, la continuité géographique par le biais des monts de Lakhdaria facilitait le contact, également permanent. Avec la VI , la Wilaya est intervenue à plusieurs reprises pour régler les problèmes nés de défections ou de maquis parallèles, comme ceux de Bellounis. Si M'hamed Bouguerra se rendit jusque dans la région de Mila, en Wilaya II, pour une réunion entre les Wilayas de l'intérieur. En plus de ces difficultés, la Wilaya IV fut aussi le théâtre des plus grandes opérations de contre-révolution, de contre maquis et d'expérimentation de techniques de la contre-guérilla. Du maquis de Kobus aux groupes d'autodéfense, du bachagha Boualem au maquis communiste de Maillot, des infiltrations à l'affaire de l'Elysée, elle eut à faire face à des situations très délicates, qui ont épuisé une partie de son énergie. Elle réussit toujours à rebondir, transposant le combat en ville quand les campagnes étaient durement frappées, dispersant ses unités quand l'armée française lançait des actions politique symboliques pour affirmer sa présence. Avec, au bout, la victoire. La Wilaya IV a eu sept responsables en sept années de guerre. Trois (Amar Ouamrane 1955 à 1956, Ahmed Benlarbi Bouguerra dit Si M'hamed 1957 à 1959 et Djillali Bounâama dit Si Mohamed 1960 à 1961) sont tombés au champ d'honneur et quatre ( Rabah Bitat 1954 à 1955, Sadek Dehiles 1956 à 1957 et Youcef Khatib dit Si Hassan 1961 à 1962) ont survécu après l'indépendance.

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