Pour la quatrième journée de l'agression sioniste à Ghaza, le bilan s'est alourdi faisant près de 40 martyrs dont 9 enfants, 5 femmes et 7 personnes âgées, alors que l'on dénombre pas moins de 300 blessés. Ces attaques sauvagement orchestrées ont également ciblé les infrastructures telles les maisons, écoles, fermes, mosquées, routes et postes. Courte chronologie des agressions en cette matinée du 17 novembre : 5h15 à Ghaza, le siège du Conseil des ministres à Ghaza a été bombardé par 4 missiles israéliens, il est totalement détruit. 7h30 : l'aviation israélienne bombarde un immeuble de 4 étages à Jabalya au nord de la bande de Ghaza, il y a plus de 30 blessés, tous sont des civils: enfants, femmes et personnes âgées. 9h50 : nouveaux martyrs palestiniens. 9h30 : l'aviation israélienne bombarde le stade Palestine par trois missiles. 3 écoles proches sont touchées, pas de dégâts humains. Et la saga continue. Face à cet état de fait, quels serait les enjeux de cette nouvelle escalade. D'une part, il serait d'abord utile de rappeler qu'après l'échec de la demande d'adhésion de la Palestine à l'ONU déposée en septembre 2011, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, va demander à l'Assemblée générale de l'ONU qu'elle accorde le statut d'observateur à la Palestine. Dans ce contexte, certaines sources bien informées avancent qu'une immense majorité des Etats membres va accueillir cette demande avec enthousiasme. Contrairement au Conseil de sécurité, les Etats-Unis n'y ont pas le droit de veto et ne peuvent s'y faire l'instrument d'Israël. Cela étant, Israël s'y oppose totalement! Pour voter contre, il peut compter sur le Canada, les Etats-Unis et quelques pseudo Etats inféodés à Washington. D'autres pays, dont l'Allemagne, vont suivre Israël par mauvaise conscience. Du coup, le gouvernement d'extrême droite israélien semble déterminé à empêcher par tous les moyens cette reconnaissance de la Palestine, car cela contrarie pleinement le fameux projet de réalisation d'Eretz Israël, le grand Israël de la Méditerranée au Jourdain, qui constitue le rêve de la droite israélienne et plusieurs membres du gouvernement Nethanyahu. Pour atteindre ce but, Israël poursuit à grande vitesse sa politique de colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, au mépris du droit international et d'une multitude de résolutions onusiennes. Il y a encore quelques jours, un plan de construction de 800 logements dans la colonie de Gilo, à Jérusalem-Est, a reçu le feu vert des autorités. L'emplacement est considéré comme occupé illégalement par le droit international et Jérusalem-Est est la capitale du futur Etat palestinien. Dans cette optique, et pour empêcher cette reconnaissance onusienne, Israël envisage des mesures dramatiques. Le ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, fait présentement circuler un document de réflexion dans lequel il propose de renverser le président Mahmoud Abbas si les Palestiniens entrent à l'ONU. Le document affirme qu'un Etat palestinien reconnu par les Nations unies allait anéantir les capacités dissuasives d'Israël et ainsi porter atteinte à sa crédibilité. Faudrait-il aussi appeler que le mois dernier, Lieberman avait déjà prévenu la chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, qu'Israël allait détruire l'Autorité palestinienne plutôt que de la voir à l'ONU. Israël menace également d'annuler les accords d'Oslo de 1993, qui ont permis la création de l'Autorité palestinienne. Considérant donc ces faits, l'entité sioniste, et à défaut de pouvoir s'engager dans un conflit avec l'Iran, Israël avait attendu la fin des élections américaines pour se lancer dans la guerre, contre ce qu'il a considéré comme le point le plus faible du front de la résistance, la bande de Ghaza. Craignant d'attaquer la République islamique d'Iran et le Hezbollah, alors que l'envie l'en démange, c'est à la bande de Ghaza et sa résistance que l'équipe de Netanyahu a préféré se mesurer, avec la bénédiction de toute la classe politique sioniste, pour remporter les prochaines élections législatives. «Les élections israéliennes ont besoin de sang palestinien», disent les écrivains, les commentateurs ou les simples citoyens de la Palestine, qui s'attendaient et se préparaient à une telle boucherie. Pour rallier les colons, racistes et belliqueux, ce sont la destruction de la Palestine et le massacre des Palestiniens et l'écrasement de la résistance qui sont proposés, seule voie pour remporter des élections dans le pays de la «démocratie». Pour accomplir cette nouvelle tâche criminelle, et après les annonces de mobilisation de 30 000 puis de 16 000 hommes supplémentaires ces derniers jours, l'entité sioniste vient d'annoncer que 75 000 réservistes sont immédiatement appelés en renfort. Des chars, de l'artillerie, des transports de troupe routiers et héliportés, des bulldozers géants ont été acheminés et se massent aux alentours de la bande de Ghaza. Toutes les routes d'accès sont déclarées zones militaires. Cela dit, il ne fait aucun doute que l'entité sioniste affaiblie et traversant une crise structurelle profonde, n'aurait pu s'aventurer dans cette guerre contre la fière population palestinienne de Ghaza (fière de sa résistance et de ses combattants), s'il elle n'avait reçu l'aval et l'appui des Etats-Unis et de l'Union européenne. Cette guerre, comme la précédente contre Ghaza en 2008 et la guerre contre le Liban et le Hezbollah en 2006, sont des guerres américaines, tout d'abord, puis européennes de par la couverture politique assurée par l'Union européenne, sans parler des armements et de la haute technologie qui lui sont fournis. L'Etat sioniste applique un plan de pacification de la région, en vue soi-disant de régler définitivement la question palestinienne (c'est-à-dire empêcher la libération du pays et le retour de ses réfugiés), où il est toujours la principale base impériale dans la région et où tous les pays devraient lui être soumis. C'est le «grand Moyen-Orient» soumis aux US et l'Etat sioniste. Selon les récentes déclarations du représentant du mouvement du Jihad islamique au Liban, Abou Imad Rifaï, la guerre sioniste actuelle vise trois buts : écraser la résistance palestinienne pendant que les pays et peuples arabes sont occupés par leurs affaires internes, remporter les élections législatives sionistes qui devraient se tenir au mois de janvier prochain et mesurer le degré de solidarité des régimes nouvellement constitués après le «printemps arabe», notamment égyptien. Pour ce qui est de ce dernier point, le président égyptien Mohamed Morsi a dénoncé vendredi l'offensive aérienne israélienne contre la bande de Ghaza comme «une agression flagrante contre l'humanité», en promettant que son pays «ne laisserait pas Ghaza seule», a rapporté l'agence officielle Mena. De son côté, l'Irak a appellé à utiliser «l'arme pétrolière» contre les alliés d'Israël qui soutiennent l'opération militaire dans la bande de Ghaza, a déclaré vendredi l'ambassadeur d'Irak auprès de la Ligue arabe, Qaïs Al-Azaoui. «Lors de la prochaine conférence de la Ligue, l'Irak proposera aux pays arabes d'utiliser «l'arme pétrolière» pour exercer une pression réelle sur les alliés d'Israël qui soutiennent son agression contre Ghaza», a annoncé l'ambassadeur. Reste maintenant à savoir si cette Ligue arabe qui semble pour l'instant passive, et beaucoup plus préoccupée par le dossier syrien, va pour une fois prendre une décision courageuse pour arrêter un nouveau massacre à l'instar de celui perpétré en 2008-2009.