La chancelière Angela Merkel a remporté une victoire cruciale ce dimanche 15 septembre en Bavière. Lors d'un scrutin régional, les conservateurs ont obtenu une majorité absolue de sièges, à une semaine des législatives du 22 septembre, selon des résultats officiels. Mais cela pourrait être une victoire à la Pyrhus Car Angela Merkel est inquiète pour sa coalition. La CSU, l'aile droitière bavaroise de la CDU démocrate-chrétienne, a obtenu la majorité absolue aux élections régionales bavaroises. Mais les libéraux du FDP, membre de la coalition de la chancelière, ont été laminés. Pas de bon augure avant les élections fédérales du 22 septembre. On évoque déjà une «autre majorité» ... Avec les Grünen ! Les Verts allemands qui au terme d'une longue dérive politique et idéologique sont passé de la gauche radicale, alternative, neutraliste et anti Nato, au début des années 80, à des positions conservatrices et droitières. Le Temps (Genève) s'en fait l'écho, évoquant «le laboratoire vert» de l'Etat de Bade-Wurtemberg : « Dans le Bade-Wurtemberg, les écologistes sont le parti le plus fort depuis deux ans. Ils mobilisent sur des thèmes que l'on croyait réservés aux partis de droite. Cette expérience leur ouvre de nouveaux horizons. Par exemple, un jour, une coalition avec les conservateurs ? (...) Depuis deux ans, ils sont le premier parti (un électeur sur quatre leur fait confiance), et c'est Winfried Kretschmann qui dirige ce Land de 10,5 millions d'habitants, voisin de la Suisse. Les Grünen ont bien besoin du soutien de leur unique ministre-président, partout présenté comme «le Vert le plus influent du pays»... Reste à savoir si l'électeur allemand suivra. Et si les appétits électoraux des Grünen – qui sont considérables, comme ceux de leurs épigones belges ou français – seront satisfaits. A noter que des Verts faibles au Bundestag seront plus malléables pour une nouvelle majorité avec la CDU de Merkel. Comme l'explique Le Temps, «depuis peu, les écologistes affrontent un méchant vent contraire. Ils ont longtemps brillé dans les sondages, recueillant encore 15% des intentions de vote au début de l'été. Mais les estimations de ces deux dernières semaines, les situent désormais sous la barre des 10%. S'embourber si proche du but constituerait une grosse désillusion pour leurs dirigeants, qui ont caressé l'espoir de devenir, au lendemain des élections du 22 septembre, la force d'appoint incontournable pour forger le prochain gouvernement». Eventuellement «avec les noirs de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) d'Angela Merkel. Il y a encore quatre ans, cette alliance contre nature était taboue. Depuis que la chancelière, impressionnée par Fukushima, a décidé que l'Allemagne tournait le dos au nucléaire, le plus sérieux obstacle à ce scénario inédit est objectivement levé». Autre laboratoire Frankfort, la ville de Cohn-Bendit, le vert-kaki germano-français, et ce n'est pas un hasard. Là l'alliance CDU-Grünen est déjà une réalité. «Les Verts dirigent déjà la ville de Francfort avec la CDU. Ils séduisent surtout les Allemands aisés : professeurs, médecins, enseignants, avocats, juristes, ingénieurs et cadres supérieurs». «Leur point faible, c'est le social, observe Jürgen Hartwig. Il reste beaucoup à faire pour qu'écologie rime avec justice sociale». Là encore aucun hasard. Partout en Allemagne, Belgique, France et autres pays, les politiciens verts incarnent une classe privilégiée. Les sondages prédisent parfois un effondrement du parti alternatif Die Piraten – dont les médias européens ont choisi de ne pas parler – au profit des Verts allemands. Ces opportunistes Grünen, parti qui avait émergé de la crise des Euro-missiles du début des années 80 – celle du «national-neutralisme allemand» et des grandes manifestations pacifistes en Allemagne et en Europe, pour devenir celui des pro-OTAN, les «verts-kakis». Précisément la force alternative d'il y a 30 ans, comme les Piraten sont celle d'aujourd'hui, devenue un des vieux partis qu'ils entendaient remplacer...