«Dyhia», chanteuse chaouie, de retour d'un exil à Paris de plus de 30 ans, a été «la cerise sur le gâteau» lors de la clôture du 6e Festival du théâtre amazigh (Batna). La sixième édition du Festival national du théâtre amazigh, organisée à Batna sous l'égide du ministère de la Culture, s'est clôturée jeudi soir au théâtre régional de Batna par une cérémonie de remise de prix et un accueil hommage à la diva de la chanson chaouie Dyhia, qui revient d'un long exil en France. Finalement, ce sont les théâtres professionnels de Batna et Béjaïa qui ont raflé les meilleurs distinctions honorifiques. Batna pour la pièce «Arnigh Akidernigh», du jeune metteur en scène batnéen Fouzi BenBrahim, dans laquelle est pointé du doigt le «fassad» (gabegie) dans une mairie, ce qui – convenons-en – colle à la réalité nationale. Outre la consistance du texte et l'interprétation des comédiens, ce sont les outils artistiques bien utilisés qui ont valorisé cette œuvre dramaturgique. Pour le théâtre de Béjaïa, c'est aussi une pièce typiquement algérienne qui a eu les faveurs du public et les honneurs des organisateurs : «Djelloul Eifhaimi», une reprise en langue amazighe d'une pièce de feu Abdelkader Alloula. Elle a démontré que le festival peut s'enorgueillir d'avoir puisé à travers le théâtre de la ville des Hammadites dans le patrimoine dramaturgique national. En fait, le recours aux adaptations et/ou traductions d'œuvres étrangères ne devront constituer qu'une exception à la règle, une ouverture sur le patrimoine théâtral universel. Les créations exclusivement amazighes devront être le creuset essentiel justifiant la vocation thématique de ce festival du théâtre amazigh. La crainte des organisateurs d'un échec probable de cette sixième édition, après la défection de nombreux théâtres régionaux, s'est vite dissipée tout au long des présentations des spectacles. Même si, parfois, cette édition a laissé transparaitre quelques signes d'essoufflement culturel. A ce sujet, signalons que l'inattendu retour de France de la chanteuse chaouie Dyhia (Mme Zohra Aissaoui, épouse de l'auteur-compositeur Messaoud Nedjahi), et l'hommage spectaculaire qui lui a été rendu par le festival et le théâtre de Batna, aura été la «cerise sur le gâteau». Les organisateurs ne pouvaient espérer une meilleure clôture pour cette sixième édition où les associations et les coopératives de théâtre ont été les participants majoritaires. On a relevé une nette évolution de certaines de ces troupes en dépit du statut d'amateurisme qui leur est collé. Comme quoi le Festival du théâtre amazigh reste perfectible à tous points de vue tant qu'il bénéficie d'un atout majeur : le public, «accro» du théâtre à Batna. Il s'agira en premier lieu de tirer un bilan objectif et dépourvu de toute démagogie pour situer les aspects positifs et négatifs des six éditions passées de ce festival. On signale au passage que ce festival n'est point encadré par nos meilleurs critiques d'art et du théâtre à l'image d'Ahmed Cheniki, spécialiste en la matière, professeur universitaire de littérature à Annaba et un de nos anciens confrères de la presse nationale. Citons aussi Bouziane Benachour, homme de théâtre, auteur dans la discipline et homme de presse, ainsi que d'autres connaisseurs et spécialistes qui auraient dû être les invités «VIP». Une telle lacune a créé un vide insupportable en ce sens que des plumitifs de Batna, rassemblés autour de la confection du bulletin d'infos du festival, s'improvisent curieusement en critiques d'art. Plus de transparence à l'avenir ne nuirait pas à la réputation de ce festival, mais aura le mérite de débusquer les indus occupants de la race des médiocres et des opportunistes ou «chasseurs de primes» qui garnissent certains rouages du festival.