En évoquant les liens et les priorités communes, le journal «AsSafir» consacre une analyse à ce qu'il qualifie être un rapprochement entre le Hezbollah et l'Egypte d'Abdel Fattah Al-Sissi : «Les relations entre le Hezbollah et Le Caire s'améliorent sensiblement car au fur et à mesure que le temps passe, les divergences de part et d'autre se réduisent et la montagne de glace qui gelait les liens bilatéraux atteignant son pic le 28 janvier 2011 est sur le point de fondre», écrit le journal. Selon lui, il existe cinq priorités qui expliqueraient le raffermissement des liens entre le Hezbollah et l'Egypte : -la sauvegarde de la sécurité du Liban et le soutien à l'armée libanaise -la lutte contre le terrorisme takfiriste dans les deux pays ainsi qu'à l'échelle de toute la région, -l'extension d'une idéologie de tolérance dans un environnement sunnite, la lutte contre l'extrémisme via Al Azhar et le renforcement des fatwas modérées, -l'accent mis par les deux parties sur l'axialité de la question palestinienne. Le Hezbollah ne cesse de conseiller au renforcement des relations avec l'Egypte à chaque rencontre avec les groupes palestiniens, -la nécessité du maintien des institutions et de l'armée syrienne et l'accent mis sur une solution politique et militaire contre les terroristes. Mais quel pourrait être l'impact d'une normalisation des liens entre l'Egypte et le Hezbollah ? Assafir répond : une normalisation des rapports Egypte/Hezbollah ne peut être traitée indépendamment des liens entre l'Iran et l'Egypte. La tension entre l'Egypte et l'Iran a éclaté quand ce dernier a qualifié de coup d'Etat, les événements du 30 janvier 2013. Le Hezbollah, lui, a pu toutefois établir les relations durables avec l'Egypte de Sissi, ce qui n'irait pas sans se répercuter de façon positive sur les relations égypto-iraniennes. Lorsque les Frères musulmans ont pris les rênes du pouvoir en Egypte, l'Iran les a soutenus, au regard de sa préférence pour l'islam politique mais ce soutien a eu un effet inverse. Le Hezbollah s'est comporté avec plus de prudence dans l'annonce de son soutien aux Frères musulmans. Invité en Iran pour participer à une conférence des non-alignés, l'ex-président Morsi a brisé tous les protocoles et offensé ses hôtes iraniens. La distance entre Téhéran et Le Caire s'est creusé quand l'ex-président iranien Ahmadinejad s'est rendu en Egypte sans que le pays hôte lui réserve l'accueil convenable. Mais les choses se sont passées différemment pour le Hezbollah. Le choix de l'Egypte post révolution - Morsi- a été celui de développer des liens avec toutes les composantes du paysage politique libanais y compris le Hezbollah alors que le régime de Moubarak n'avait des relations qu'avec le 14 mars à l'époque de Moubarak, trois facteurs ont provoqué la rupture des relations entre l'Egypte et le Hezbollah: 1- l'attaque du juillet 2006 d'Israël contre le Hezbollah, attaque au cours de laquelle l'Egypte a accusé le Hezbollah d'avoir provoqué Israël 2- L'attaque d'Israël en 2008 contre Ghaza. Sayed Nasrallah a demandé au Caire d'intervenir en faveur de la bande de Ghaza mais Le Caire a très clairement décliné cette demande au nom du refus de s'ingérer dans les affaires intérieures de la Palestine 3- En 2010, l'Egypte a prétendu avoir démantelé une cellule liée au Hezbollah, cellule qu'elle a accusée d'avoir planifié des attentats terroristes et organisé le trafic d'armes à destination du Hamas via les frontières égyptiennes Ceci dit le différend suprême entre le Hezbollah et l'Egypte renvoie à la libération de Sami Shahab. Le Caire accusait le Hezbollah d'avoir préparé son évasion de la prison et les responsables égyptiens n'hésitaient pas parler de la «grande évasion». D'ailleurs Morsi est actuellement jugé pour cette même évasion. Les sujets sur quoi divergent l'Egypte et le Hezbollah sont loin d'être simples mais les intérêts des deux parties recommandent de les jeter aux oubliettes. Le rapprochement excessif de Sissi envers Riyad a suscité la susceptibilité de Téhéran et du Hezbollah. Il est vrai que les relations égypto-saoudiennes s'expliquent surtout par la crise économique qui s'abat sur l'Egypte. Le Hezbollah conseille au Caire de réduire ses liens qui ressemblent de plus en plus à une sorte de dépendance. Par ailleurs, d'aucuns voient une nette divergence entre l'approche syrienne de Sissi avec celle de Riyad. Ces analystes se rappellent bien de ce sommet de la Ligue arabe de 2013 où une majorité de pays arabes ont accusé la Syrie d'avoir utilisé l'arme chimique contre ses opposants. Ce que l'Egypte a rejeté très catégoriquement, affirmant qu'elle n'accepterait qu'aucun pays arabe soit pris pour cible par ce genre de prétexte.