Le Maréchal Al Sissi a fermé pratiquement tous les tunnels qui alimentent Ghaza depuis l´embargo décrété par Israël en 2009. Ses hélicoptères survolent continuellement depuis plusieurs jours l´espace aérien de cette bande du territoire palestinien avec pour instruction de ne faire aucun quartier dans les mouvements de miliciens qui se font dans les deux sens. Le nouveau maître des lieux en Egypte donne l´impression de ne pas vouloir faire dans la retenue. Il s´est d´ailleurs distingué, on l´a vu de quelle manière, par une féroce répression de ses propres compatriotes qui sont sortis dans les rues du Caire et des grandes villes, protester contre le coup d´Etat qu´il a fomenté le 3 juillet contre le président islamiste Mohamed Morsi. Un président islamiste mais un président élu démocratiquement quand même. Son armée a tiré à vue et avec un sang-froid extraordinaire sur les manifestants, tuant des dizaines de civils. On peut donc craindre le pire à Ghaza, surtout depuis que le président déchu est accusé de «trahison» d´«espionnage» et de «conspiration» avec le mouvement palestinien Hamas. Des charges très lourdes qui peuvent conduire à la sentence capitale mais que la justice égyptienne n´a jamais osé retenir contre Hosni Moubarak, le garant de la sécurité d´Israël pendant ses trois décennies de pouvoir absolu. C´est du domaine public que Morsi avait des liens avec Hamas qui remontent d´ailleurs loin dans le passé. C´est connu, les Frères musulmans égyptiens et Hamas appartiennent à la même mouvance fondamentaliste. Mais ici on est dans le politique. Il se trouve que le mouvement palestinien n´est pas un parti politique comme les autres, car ses groupes armés affrontent de front l´Etat d´Israël et de ce point de vue, ils ont besoin de plus de solidarité des pays arabes voisins. Ce que Morsi leur a apporté. Le bilan politique intérieur de Mohamed Morsi est sans doute contestable, encore qu´à sa décharge il n´est au pouvoir que depuis une année. C´est vrai qu´il s´est laissé tenter par le pouvoir absolu. C´est vrai aussi qu´il n´a pas travaillé assez, ou pas du tout, pour être le président de tous les Egyptiens, conservateurs ou laïcs, musulmans ou coptes. C´est sur cette action qu´il aurait fallu le juger. C´est d´ailleurs la raison principale qui a poussé dans la rue les centaines de milliers d´Egyptiens au début du mois de juillet pour réclamer son départ. A la suite d´élections anticipées ! Pas par un coup d´Etat militaire qui, il faut le souligner au passage, n´a pas fait réagir une seule démocratie occidentale, ce qui est quand même bizarre pour ces pays attachés à la règle du jeu démocratique et au respect des droits de l´homme. C´est sur ses liens avec des combattants palestiniens que Morsi est jugé. C´est pourtant grâce à lui que les vivres et les médicaments, les missiles iraniens aussi, pourquoi le nier, ont commencé à faire leur entrée dans la bande de Ghaza, un coup de main à un peuple musulman en danger qui est du devoir de tout Etat arabe attaché à la cause palestinienne. En pointant du doigt Hamas, la junte militaire égyptienne fait visiblement le jeu d´Israël qui n´en espérait pas moins. Avec l´embargo appliqué à la frontière palestinienne depuis l´Egypte, Israël peut poursuivre son plan de colonisation de la Cisjordanie. L´Europe, qui vient de classer le mouvement Hezbollah libanais sur sa listes des organisations terroristes, est là pour accompagner la nouvelle alliance militaire entre l´Egypte de Moubarak qui renaît de ses cendres et l´Etat d´Israël.