Samedi dernier, le Real Madrid jouait la finale de la Coupe du monde des clubs face aux Argentins de San Lorenzo. Une affiche alléchante jouée au «Grand stade» de Marrakech. Une enceinte qui devait aussi être le théâtre de la Coupe d'Afrique des nations 2015, mais ça ne sera pas le cas. Le goût est différent. L'ère africaine ne s'est pas installée sur cette ville. C'est une belle affiche certes, les acteurs appartiennent à une catégorie qui vient dérouler un schéma tactique pas très différent du jeu maghrébin ou africain d'une manière générale. Quelque soit le ton, le son, la couleur ou le qualificatif que l'on voudra donner à cette manifestation, elle reste qu'elle ne produira aucun effet du type africain. L'ambiance est différente, les chants, le tambour, la clarinette, les couleurs, tout n'est pas identique. Il en restera une odeur mais elle ne sera pas africaine. Un confrère marocain écrivait : «Il y a un an, Marrakech était en fête. Le Raja Casablanca se qualifiait pour la finale de la Coupe du monde des clubs et la ville s'était parée de vert aux couleurs du club. Les rues grouillaient de monde, les vendeurs ambulants multipliaient les affaires et les supporters du Bayern Munich s'étonnaient même de cette ferveur. Aujourd'hui, à la veille de la finale entre le Real Madrid et le club argentin de San Lorenzo – club de cœur du pape François –, rien de comparable.» Et oui, voilà bien une réponse à ce choix porté pour faire oublier la prestigieuse CAN-2015. Il y a un an, les Marocains s'imaginaient l'enthousiasme que susciterait la CAN-2015. «Le Maroc, terre de football, allait montrer qu'une Coupe d'Afrique des nations dans le royaume chérifien serait à la hauteur de cette 30e édition. Mais Ebola est passé par là. Et le Maroc a dit non à cette organisation. Ebola et peut-être autre chose ?», s'est-il interrogé intelligemment le journaliste de RFI. Dans un premier temps, Issa Hayatou, président de la Confédération africaine de football (CAF), avait laissé entendre qu'une peine lourde serait infligée avec quatre années de suspension et même des dommages financiers estimés à plusieurs millions d'euros. On fait tourner la balle ronde, on veut effacer l'erreur, celle d'avoir trompé l'opinion africaine. Trop tard, on a voulu faire du cinéma avec des stars d'un autre continent, mais ce n'est pas ça qui ferait oublier la CAN aux Marocains. Issa Hayatou a suggéré une suspension possible de quatre ans pour le Maroc en faisant un parallèle avec un cas précédent, dans un entretien à RFI vendredi. «On appliquera nos règlements. Ils sont clairs. Souvenez-vous qu'en 1996, le Nigeria avait boycotté la compétition. Le président avait refusé que son pays aille en Afrique du Sud. Pendant quatre ans, ils ont été suspendus», a expliqué le président de la Caf, interrogé sur les sanctions possibles pour le Maroc. Issa Hayatou a déjà rappelé qu'«il n'y aura pas deux poids deux mesures, il n'est pas question de laisser cet état d'esprit s'instaurer. Cela risque de porter préjudice sérieusement au football en Afrique». Le Maroc a été écarté de l'organisation de la CAN-2015 pour avoir demandé un report de l'épreuve en raison de l'épidémie d'Ebola. Le royaume chérifien a également été disqualifié pour cette épreuve. C'est la Guinée équatoriale, qui a accepté d'accueillir la compétition phare du football africain aux dates prévues, du 17 janvier au 8 février. Mais toujours est-il que le Maroc pourra bénéficier de circonstances atténuantes, plutôt deux CAN que quatre.