Le mois qui commence s'annonce très chaud pour le FLN, théâtre d'une lutte pour «le koursi» de secrétaire général, relancée avec la perspective du 10e congrès reporté à plusieurs reprises mais que l'actuel chef de l'ex-parti unique, Amar Saâdani, veut tenir les 28, 29 et 30 mai prochains à la coupole du stade du 5-Juillet à Alger, certainement pas pour refiler le poste à quelqu'un d'autre et encore moins à ses rivaux acharnés. Ils sont d'ailleurs nombreux à se battre pour déloger Amar Saâdani qu'ils ont pourtant aidé à prendre la place d'Abdelaziz Belkhadem après une longue opération de «redressement» pleine de rebondissements. Le plus connu des contestataires, celui dont la médiatisation est la plus forte, Abderahmane Belayat, qui se présente comme le coordinateur du mouvement de «redressement» du FLN, n'a pas attendu pour reprendre les hostilités avec l'espoir de remettre en cause la compétence du secrétaire général actuel à convoquer un congrès du FLN. Il compte sur la justice et sur les services du ministère de l'Intérieur, et même sur la wilaya d'Alger, pour empêcher le 10e congrès de se tenir comme le veut Saâdani. Nullement découragé par les échecs de ses tentatives successives de perturber les rencontres organisées par Saâdani, en particulier les sessions du Comité central, Abderahmane Belayat persévère dans son opposition et maintient le cap pour une mobilisation au sein du FLN contre la direction actuelle. Quelles sont ses chances auprès de la base, au niveau des wilayas, pour rallier à lui un nombre suffisamment significatif de militants et cadres du FLN et se lancer à nouveau à l'assaut de la citadelle tenue par Saâdani ? Dans cette bataille, qu'il le veuille ou non, Belayat converge avec Belkhadem, son adversaire d'hier, qui a refait surface grâce à la médiatisation, offerte par Saâdani lui-même, lors d'un repas privé que l'ancien secrétaire général du FLN, exclu de tout par le président Bouteflika dans des conditions pour le moins humiliante, a organisé au Club des Pins pour des proches et amis. Les observateurs ont noté que le choix du Club des Pins donne automatiquement au repas privé une dimension politique et des allures de complot. Et les premiers à l'avoir compris sont évidemment tous les protagonistes de cette lutte pour le «koursi» qui voient en Belkhadem non pas un allié mais un dangereux concurrent, voire un ennemi. C'est le cas d'Abdelkrim Abada, ex-député et ancien responsable de l'organique du parti, qui est l'allié de Belayat contre le congrès expéditif que prévoit Saâdani, mais qui se retrouve, dans les faits, sur la même longueur d'ondes que ce dernier pour s'opposer à Belkhadem. Le retour de Belkhadem que l'on croyait à jamais banni, crée les conditions pour des manœuvres dont seul le FLN a le secret et qui sont facilitées par les ambitions de chacun à être dans la direction, sachant les avantages rentiers liés à cette situation très enviable. Finalement, Saâdani va jouer sur du velours grâce à cet écheveau de contradictions, en divisant ses adversaires autour de Belkhadem. S'il réussit à organiser le clivage sur la personne de Belkhadem, il a des chances de s'en sortir moyennant partage avec des alliés de circonstances. Mais, il faut reconnaître qu'il est difficile de s'y retrouver surtout quand on constate qu'un autre groupe s'est ajouté dans la mêlée, celui d'Abbas Mekhalif, ancien président du groupe parlementaire de cette formation politique, qui arrive avec une autre position : profiter du congrès pour remettre le FLN sur la bonne voie, autrement dit changer la ligne politique suivie actuellement, donc changer la direction dont Saâdani est le chef. Lui aussi tente de mobiliser des membres du Comité central dans ce but mais pas pour saboter le congrès. La lutte qui a déjà commencé entre ceux qui tiennent les rênes de l'ex-part unique, regroupés autour de Saâdani, et les frondeurs, nombreux mais éparpillés en plusieurs chapelles, indique que le FLN va sans doute occuper le devant de l'actualité politique nationale dans les prochaines semaines.