Encore une fois, le nom de la compagnie Jean Lion spécialiste du commerce de gros du sucre est cité dans de grosses affaires d'importations de quantités de sucre, de mélasse de canne à sucre et de levures à destination de l'Algérie. Il avait été cité au début des années 2000 dans une affaire de sucre à haute teneur de cyanure. Selon toute vraisemblance, c'est aujourd'hui que ce nom et cette compagnie devraient être cités par le député Smaïn Kouadria du Parti des travailleurs. Ça sera dans l'hémicycle de l'Assemblée populaire nationale où ce même député envisage d'interpeller oralement le ministre de l'Industrie Abdesslem Bouchouareb sur plusieurs dossiers de corruption, de blanchiment d'argent et de dépravation du patrimoine public. Dans le lot, il y a celui des levureries de Bouchegouf (Guelma) et Oued Smar (Alger) et l'importation annuelle d'importantes quantités de mélasse de sucre. Dans ces dossiers foisonnent également des noms de certaines hautes personnalités et leurs proches ainsi que ceux de cadres gestionnaires de différents groupes d'entreprises publiques économiques. Même s'il n'est pas revenu sur le processus de privatisation des entreprises publiques interrompu depuis, ce député met un accent particulier sur la problématique structurelle à l'origine de la mise à sac du patrimoine économique national. Sans le mentionner clairement, Smaïl Kouadria fait référence à l'absence, par le passé, de transparence dans la gestion des finances publiques, de la crédibilité et la soutenabilité financière des politiques publiques ainsi que la responsabilisation des gestionnaires. En filigrane, ce député a mis en relief ce qu'il a qualifié d'années d'errance dans le désert, de promesses non tenues et de décadence morale dans le milieu socioéconomique national. Même si dans son communiqué, il souligne les mauvais résultats enregistrés par l'opération de privatisation à outrance engagée par l'état, il a tacitement abordé l''économie-casino sévissant en Algérie et qui a davantage enrichi les opportunistes de tout bord et appauvri la grande majorité de la population. A travers son communiqué, Smaïl Kouadria laisse entendre que l'Algérie ne fait plus la promotion de la vertu et de l'effort mais encourage le nihilisme et l'immoralité. Ce qui semble l'avoir motivé au point d'interpeller le ministre quant au refus des pouvoirs publics d'encourager la relance de la production de la levure à travers la réhabilitation de ses deux levureries. D'autant que la démarche est rendue possible grâce aux conclusions de l'étude élaborée en 2011 par la Société de gestion des participations (SGP) Cegro. «Les levureries de Bouchegouf-Guelma et Oued-Semar-Alger sont à l'arrêt depuis 2009. A elle seule, celle de Bouchegouf disposait d'une capacité de production de 5 600 tonnes/an de levure fraîche et 1600 tonnes/an de levure sèche. Elle faisait travailler quelques 300 salariés. Il est inconcevable que l'Algérie continue d'enregistrer zéro production de levures et que la facture d'importation des levures a atteint 130 millions d'euros en 2013» a argumenté le député PT de Guelma. Faisant implicitement référence au Plan national de développement, il a affirmé que les solutions existent. Il a cité pour l'exemple un groupe d'éminents chercheurs et universitaires de l'Institut de recherche en agronomie Inra de Touggourt de l'université de Ouargla. En étroite collaboration avec des producteurs de dattes du sud-est du pays et des dirigeants d'Eriad, un projet de production de levure, de mélasse, de sirop et de vinaigre a été finalisé à partir d'une variété de dattes commercialement boudées pour leur faible rentabilité. Pour de nombreux économistes, ce projet est largement réalisable pour peu que l'Algérie se libère de l'emprise de la compagnie appartenant au tradeur Jean Lion. En contrepartie d'un bénéfice net de 60 dollars/tonne, il approvisionne annuellement l'Algérie en mélasse de canne à sucre que lui fournit le consortium égyptien Delta Suggar de levure et de mélasse de canne à sucre. Et c'est justement à l'instigation de Jean Lion et les Egyptiens de Delta-Suggar que les deux levureries algériennes de Bouchegouf et de et la sucrerie ont été fermées. L'objectif de Jean Lion et de ses complices algériens est d'imposer la mise à sac du trésor algérien à travers des importations de produits que les Algériens sont en mesure de produire. Durant les années 1990, l'on avait même projeté la transformation de milliers d'hectares de terre en culture de betterave à sucre dans les régions de l'extrême est du pays. «Eriad a importé plus de 45 000 tonnes de mélasse de sucre d'Egypte par l'intermédiaire du Trader J-Lion. Ce dernier faisait des achats auprès du fournisseur Delta Sugar (consortium Egyptien) au prix de 111,5 dollars la tonne pour la revente par la suite à l'Algérie à 170 dollars la tonne», a affirmé Kouadria Smaïl. Il s'est également interrogé sur l'opérateur économique algérien qui, en Algérie, détient le monopole de l'importation pour 130 millions de dollars/an de levure un produit qualifié d'aussi stratégique que la farine pour la fabrication du pain. Du monopole de l'importation du sucre blanc raffiné ? De l'huile brute ? Il s'agit là beaucoup plus d'affirmation que de questions car Smaïl Kouadria ne serait pas député s'il ne connaissait pas cet opérateur qui figure au classement des plus grandes fortunes au monde.