Le président de la Commission de consultation et de promotion des droits de l'Homme, Farouk Ksentini, est entièrement acquis au projet de révision constitutionnelle. C'est l'appréciation qu'il a exprimée, hier matin, au cours d'un entretien accordé à la chaîne 3 de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction. Les nouvelles dispositions contenues dans le projet de révision constitutionnelle «augurent d'un avenir plus serein», estime-t-il. «Nous encourageons, nous applaudissons et nous soutenons», a-t-il déclaré. Le président de la CNCPPDH a salué, entre autres, l'introduction de l'article 41 bis qui consacre la liberté de manifester pacifiquement. Selon lui, l'adoption de cet article mettra fin aux interdictions et ouvrira «très largement le champ de la manifestation pacifique». Il a, également, qualifié de «positives» les dispositions renforçant l'indépendance de la justice et les droits du justiciable. Me Ksentini s'est longuement étendu sur la question de la détention préventive qui est réglementée, rappelle-t-il, mais qui est appliquée de façon abusive et inutile, «c'est de la méchanceté», insiste-t-il. Pour Me Farouk Ksentini, la justice est tournée vers la répression. Beaucoup de textes sont dévoyés, comme celui de la détention préventive, fait-il constater. Il estime que le juge d'instruction n'a pas le doit de sanctionner un justiciable sans que le jugement de fond ne se soit prononcé. Il insiste sur la formation des juges et met l'accent sur l'article 47 du projet de révision constitutionnelle. Pour Me Ksentini, le plus important est le respect scrupuleux d'application des lois une fois adoptées. Car, explique-t-il, «tout est lié à l'application. Il existe des textes d'une générosité incroyable, mais en général, les lois sont dévoyées». «Nous accueillons favorablement ces dispositions, mais pour donner notre avis définitif nous attendons l'application qui va suivre», a-t-il résumé. Contrairement aux contradicteurs qui reprochent aux rédacteurs de la mouture de verser dans le détail, Me Ksentini estime que «si on laisse les lois sur le plan des généralités, elles seront dévoyées dans leur application et ça c'est antidémocratique». A propos des droits accordés à l'opposition, il trouve que c'est positif de donner à l'opposition le canal pour agir, c'est une ouverture, car, fait-il remarquer, il n'y a pas de démocratie ni d'Etat de droit sans opposition. Sur le contrôle des élections garanti par la nouvelle Constitution, il estime que cela donnera plus de crédibilité aux consultations électorales. e Farouk Ksentini continue de plaider pour la dépénalisation de l'acte de gestion comme pour la dépénalisation du journalisme. Autres thèmes évoqués par l'invité de la rédaction de la Chaîne III de la Radio nationale : le débat actuel qui remplit les médias; il commence d'abord par rappeler tout son respect pour toutes les personnalités impliquées dans ce débat. Il considère que le niveau du discours des hommes politiques devrait être plus élevé et eux-mêmes devraient, selon lui, s'exprimer avec modération. Enfin, s'agissant de la corruption, il souligne qu'elle est contraire aux droits de l'Homme, et il faut mener contre ce fléau une lutte sans merci, d'après ses propos. Le président de la CNCPPDH a également donné son estimation concernant le nombre de personnes incarcérées en Algérie qui serait de 55 000. Comparant ce chiffre avec ceux d'autres pays, il le trouve énorme. «En France, un pays qui nous dépasse de plus de 25 000 habitants, le chiffre des détenus ne dépasse pas les 65 000», a-t-il indiqué.