Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a été sollicité mardi pour intervenir auprès des autorités marocaines afin de lever l'interdiction d'entrée au Maroc pour permettre aux familles de rendre visite aux prisonniers politiques sahraouis. Dans une pétition lancée mardi en ligne et adressée à Jean-Marc Ayrault, le militant français de la cause sahraouie, au sein de l'Association de solidarité avec le peuple sahraoui (ASPS), Philippe Leclercq, a affirmé que Claude Mangin, épouse du Sahraoui Naâma Asfari, «doit pouvoir visiter son mari, prisonnier politique au Maroc», faisant part au ministre de la «consternation» des militants pour les droits de l'Homme, face au refoulement de Claude Mangin par les autorités marocaines, le 20 octobre dernier. «Vous sachant soucieux de la question des droits humains partout dans le monde, je vous demande de bien vouloir solliciter auprès des autorités marocaines la levée de l'interdiction d'entrée sur le territoire pour des raisons humanitaires, en accord avec le droit des prisonniers aux visites familiales, garanti par l'ensemble des règles relatives au traitement des détenus», est-il écrit dans la pétition. Rappelant les conditions dans lesquelles s'est déroulé le refoulement de la militante française pour la cause sahraouie Claude Mangin, Philippe Leclercq a indiqué que depuis 2014, le Maroc a expulsé 146 personnes de 14 nationalités différentes du Sahara occidental, auxquelles il faut ajouter 13 autres expulsées du Maroc, alors qu'elles étaient venues pour enquêter sur des questions relatives au droits de l'Homme. «Des représentants d'ONG internationales ont été expulsés et certaines interdites de travailler au Maroc : Human Rights Watch (Etats-Unis), Novact (Espagne), Avocats sans frontière (Belgique), Frederich Newmann (Allemagne), Amnesty International (Londres) et la Fondation Carter (Etats-Unis) qui n'a pas été autorisée à observer les dernières élections», a-t-il ajouté. M. Leclercq a, en outre, signalé l'interdiction, par les autorités marocaines, de la diffusion du quotidien français Libération lors de la parution d'un article portant sur Claude Mangin et Naâma Asfari et l'expulsion de la journaliste freelance qui travaillait pour Le Monde, Camille Lavoix, pour un reportage sur Dakhla, une ville sahraouie occupée par le Maroc. Cette liste, a-t-il dit, «rejoint la longue liste des militants, avocats, personnalités politiques, élus du peuple français et journalistes refoulés du Maroc en raison de leur intérêt pour la question sahraouie», soulignant que «manifestement, les autorités marocaines tentent ainsi d'isoler les prisonniers politiques et de les réduire au silence à l'approche de la réouverture de leur procès». 22 militants sahraouis ont été condamnés à de lourdes peines de prison (de 20 ans à la perpétuité) par un tribunal militaire marocain, rappelle-t-on. Malgré l'annulation de leur condamnation par la Cour de cassation le 27 juillet 2016 et le renvoi de l'affaire devant une cour d'appel civil, ils sont maintenus en détention de «façon arbitraire», selon les militants des droits de l'Homme. Inscrit depuis 1966 sur la liste des territoires non-autonomes, donc éligible à l'application de la résolution 1514 de l'Assemblée générale de l'ONU portant déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux, le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique, occupée depuis 1975 par le Maroc, soutenu par la France.