Après sa nette victoire au premier tour de l'élection présidentielle, avec un score définitif de 24,01 %, et au moment où il peaufine sa stratégie et met ses équipes en ordre de marche en prévision du second tour, Emmanuel Macron continue d'engranger les ralliements et les appels au vote en sa faveur. Le dernier en date, et non des moindres, est venu du coté de l'Elysée. Le président de la République, François Hollande s'est en effet clairement positionné. «Face au risque que fait une nouvelle fois courir l'extrême droite à la France», «il n'est pas possible de se taire ou de se réfugier dans l'indifférence», a déclaré avec gravité le président sortant dans une allocution télévisée. Et d'ajouter sans détours : « Pour ma part, je voterai pour Emmanuel Macron.» Si certains appels à voter en faveur du candidat d'En Marche ! ont été clairement exprimés, comme notamment le parti socialiste, celui-ci défait mais tentant, pour un éventuel repositionnement dans le nouveau paysage politique qui se dessine, une incursion sur le flan gauche du favori du second tour, l'Udi (Centre) ou encore des personnalités de droite, qui avaient soutenu d'autres candidats, comme Alain Juppé et Bruno Le Maire, ex candidats à la primaire de la droite, ainsi que François Baroin, un proche de Nicolas Sarkozy et probable futur chef du parti Les Républicains (LR), d'autres en revanche sont loin d'être évidents, à l'image de celui du camp Les Républicains justement. Au terme de son bureau politique de lundi, le parti Les Républicains a rendu publique une déclaration dans laquelle il n'a pas appelé explicitement à voter pour le candidat Macron. Il a invité simplement les sympathisants à « ne pas donner leur voix à l'extrême droite ». Une position pour le moins évasive et une hésitation qui témoignent des divergences profondes qui minent le camp du désormais ex candidat François Fillon, parti après la bérézina, en laissant un champ de ruine derrière lui, dont tout le monde l'accuse d'en être le seul responsable. Le soutien du candidat de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, tarde a venir. Déçu par ses scores obtenus après une campagne enthousiaste et qui restera dans les annales, Il a, quant à lui, réservé pour le moment sa reponse qu'il entend soumettre aux centaines de milliers de partisans qui devront, après débat interne, se prononcer sur ce que sera la posture de leur mouvement lors de la deuxième étape de cette élection. Cependant, ses porte-paroles demandent tout de même à ce qu'aucune voix ne devrait aller au parti d'extrême droite. L'avalanche de ralliements à l'avantage du plus jeune (39 ans) prétendant à la magistrature suprême ont fait bondir les intentions de vote. Les sondages du second tour le crédite de 62 % d'opinions favorables contre 38 % pour sa concurrente. Bien que tous les feux soient au vert et qu'aucun obstacle ne devrait entraver la marche du candidat d'En Marche vers le palais de l'Elysée, il n'en reste pas moins que le match n'est pas encore joué. L'heure est la mobilisation, estiment les soutiens de première heure de l'ex ministre de l'économie, réitérant à chaque intervention télévisée d'« éviter de donner le sentiment que l'élection est gagnée avant que les français ne se soient prononcés ». La prudence est de rigueur en effet. Il faut bien se grader de verser dans un triomphalisme béat, car une élection, prévient Serge Galam, chercheur au CNRS, n'est pas seulement une question d'arithmétique, c'est aussi une affaire de dynamique. Et ajoute-t-il, il faudrait en tenir compte de «l'abstention inavouée», ce vote caché dont pourrait bénéficier la députée européenne qui vient de prendre congé de son mouvement pour se consacrer exclusivement à cette l'élection, qualifiant par ailleurs les ralliements à son rival de « vieux front républicain tout pourri.» Notons enfin que le président François Hollande, dans un geste républicain, a invité, mardi, les deux finalistes à la cérémonie nationale d'adieu au policier victime de l'attentat terroriste perpétré sur l'avenue des Champs-Elysées, jeudi 20 avril, soit trois jours avant le premier tour.