Les observateurs qualifient de «séisme diplomatique sans précédent» ce qui vient de se passer dans la péninsule arabique. Jamais, en effet, une rupture aussi subite que violente n'ait été subie par quelque Etat de la région. Le minuscule émirat gazier, le Qatar, désormais isolé au sein du CCG, et, quoique en partie, au niveau international, n'arrive pas à comprendre ce qu'il lui arrive. Les déclarations du ministre qatari des Affaires étrangères, selon lesquelles cette rupture pilotée par Ryad est «incompréhensible et injuste», ne seront d'aucune utilité pour contraindre les auteurs de ce «séisme» à revenir à de sentiments meilleurs. Le Qatar est désormais un Etat infréquentable. Pis encore, la Maison des Al Thani n'est qu'un dangereux repaire de terroristes de tous horizons, qu'il faut absolument combattre. Outre les groupes terroristes des plus sanguinaires, y compris Daech, le Qatar est maintenant pointé du doigt comme étant celui qui a flambé la planète toute entière, notamment le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord qui peinent toujours à en découdre avec les groupes terroristes. Que s'est-il passé pour que le frère devienne subitement le diable en puissance ? D'autant plus que ce «diable» s'affairait tranquillement à la déstabilisation des pays comme la Syrie et la Libye notamment ? Pourquoi Doha est-elle vouée aux gémonies, alors que sa feuille de route consistant à créer le chaos, par printemps interposé, n'a jamais été en contradiction avec les états-majors de ses pairs du CCG ? Et ceux de l'Arabie Saoudite en tête ? Il faut dire que ces questionnements interpellent plus d'un observateur pour qui ce «séisme» n'est nullement le fait du hasard. Il ne s'agit point d'une décision «irréfléchie» comme tendent à le souligner certains analystes à l'exemple du diplomate bahreïnien Ali Fakhru, qui dans une interview accordée à Sputnik, appelle à la retenue face à ce qu'il qualifie de «situation aussi lourde de conséquences que de risques potentiels». Des spécialistes n'hésitent pas, en effet, de lier la récente visite de Donald Trump dans la région au grand coup que vient de recevoir, dans la douleur cela s'entend, le Qatar. On attribue au chef de la Maison-Blanche la paternité de cette décision collective d'isoler Doha. La raison ? Il serait question d'une redistribution des cartes dans la région, ou pour être plus clair, permettre à Ryad de redéfinir sa politique envers ses voisins. Nombre d'observateurs indiquent que Trump, contrairement aux apparences, serait sur le point d'appliquer sur le terrain toutes les promesses qu'il avait tenues lors de sa campagne électorale. Celles d'en découdre avec le terrorisme tout en se faisant représenter par le sous-traitant le plus fort de la région : l'Arabie Saoudite. Le Qatar et ses déboires actuels ne seraient qu'un alibi pour faire oublier un passé politique pas trop reluisant.