Cinq décennies après l'indépendance, les crimes coloniaux ne sont toujours pas reconnus par la France officielle, alors que l'Algérie commémore aujourd'hui, le 73ème anniversaire des événements du 8 mai 1945, où plus de 45.000 Algériens ont été massacrés dans une vague de répression sanglante perpétrée par les forces coloniales contre une population qui réclamait son droit légitime à la liberté et à l'indépendance. En 1945, à la veille du 8 mai, la revendication de l'indépendance était dans l'air. Le 1er mai 1945, déjà, des manifestations ont lieu dans plusieurs villes en Algérie. Dans les milieux des colons, l'idée qui prend forme est de susciter des affrontements qui serviront de prétexte à une grande répression. Le 8 mai 1945, c'est le Jour de la Victoire. Le 8 mai 1945, à Sétif, le drapeau algérien est porté au même titre que les drapeaux des nations alliées victorieuses. Dans le défilé, le mot d'ordre qui domine est «El istiqlal», l'indépendance. L'affrontement avec les forces répressives coloniales est inévitable. Le jeune Soual Bouzid est tué parce qu'il refuse de lâcher le drapeau algérien qu'il tenait à la main. Les historiens rapportent que le maire de la ville, un Européen, qui avait refusé que l'on tire sur les manifestants, est, de la même façon, abattu par la police. Les cortèges dispersés se reforment de nouveau, la police et la gendarmerie ouvrent le feu. Des manifestants tombent. La réaction des manifestants qui s'ensuivit s'étend à d'autres villes du pays. Une féroce répression s'abat alors sur la population algérienne. Les partisans de l'Algérie française (précurseurs de l'Oas) en profitent pour s'en prendre aux Européens «arabophiles». L'armée utilise tous les moyens. La répression est sauvage. Les massacres du 8 mai 1945 ont été une démonstration du caractère génocidaire de la France coloniale à travers ses crimes des plus abominables et inhumains commis à l'égard du peuple algérien. Avant d'être fusillés, «les hommes qui vont mourir sont contraint de creuser les fosses de ceux qui viennent d'être tués», écrit Henri Alleg (La guerre d'Algérie, tome 1). Il rapporte un témoignage bouleversant : «les légionnaires prenaient les nourrissons par les pieds, les faisaient tournoyer et les jetaient contre les parois de pierre où leur chair s'éparpillait sur les rochers.» Les corps des prisonniers exécutés par rangées, dans le dos, étaient précipités du haut d'une falaise. Des corps sont brûlés dans les fours à chaux. Des groupes de prisonniers enchaînés sont écrasés sous les roues des chars des légionnaires.