L'enfant prodige de Béjaïa n'est plus. Il a tiré sa révérence ce samedi 15 septembre après de longs mois de combat contre la maladie. Il avait 71 ans. La triste nouvelle est tombée comme un couperet. On le savait très malade mais on le connaissait battant. C'est en tout cas, l'une des dernières images que l'on garde de lui, celle d'un passionné fou, d'un homme qui voulait encore croquer la vie. Bien qu'affaibli par le mal qui le rongeait depuis de très longs mois, Djamel Allam était remonté sur scène, en novembre dernier, le temps d'une soirée-hommage organisée par ses amis pour ses 40 ans de carrière. Son duo avec son grand ami de toujours, Safy Boutella, était comme un ultime cadeau offert à son public et ses fans. Un cadeau d'adieu. Aujourd'hui, l'heure est au recueillement à la mémoire d'un grand artiste qui, durant quatre décennies, a donné à la chanson kabyle quelques-unes de ses plus belles lettres de noblesse comme il fut l'un des dignes ambassadeurs de la chanson algérienne à travers le monde. L'enfant chéri de Yema Gouraya, Djamel Allam, est né le 26 juillet 1947 dans son éternelle Vgayeth. Véritable touche-à-tout (musique, cinéma, radio…), il entre au conservatoire de sa ville natale pour apprendre la musique auprès du maître cheikh Sadek El Bedjaoui. Au début des années 1970, il traverse la Méditerranée pour s'installer un certain temps à Marseille, avant de monter à Paris. Pour gagner sa croûte, il reprend quelques standards de la chanson française dans des boîtes et cabarets (rue Mouffetard…etc). En 1972, il est invité à se produire à Alger, en première partie du spectacle de Brigitte Fontaine et Areski Belkacem. Deux années plus tard, l'artiste se lance dans l'expérience radiophonique en travaillant à radio France Inter aux côtés de Claude Villers. Ce dernier en profite pour le recommander aux disques Escargots, éditeur de plusieurs grands noms de la chanson française. Durant les années 1980, retour à Alger où il rejoint l'équipe de la chaîne 3 internationale, tout en continuant à assurer la direction artistique du cabaret «La Voûte», à Moretti. Il y invite Léo Ferré, Marc Ogeret et bien d'autres artistes tout aussi connus. Producteur mais aussi auteur de talent, Djamel Allam compose, dans la foulée plusieurs chansons qui figurent dans son premier album intitulé «Argu» (Rêve). Un véritable succès, tant pour la critique que pour le public qui en redemande. Porté par ce succès, Djamel Allam multiplie les concerts à guichets fermés, ici et ailleurs puis entame une tournée qui va le conduire sur les plus grandes scènes d'Europe et d'Amérique. Djamel Allam qui saisit l'inspiration au vol, sort entre 1978 et 1985 trois autres albums tout aussi auréolés de succès, en l'occurrence ««Les rêves du vent» (1978), «Si Slimane» (1981) et «Salimo» (1985). Il met également sa plume et sa verve au service du 7e art, composant les musiques de films et de documentaires comme «La goutte d'or» de Daniel Duval, diffusé sur TF1, «Prend dix mille balles et casses-toi», «La plage des enfants perdus…» etc. Djamel Allam s'essaye aussi à une carrière de comédien, en campant un rôle dans «Fort Saganne» d'Alain Corneau, aux côtés de Gérard Depardieu, Sophie Marceau ou encore Catherine Deneuve. Mais la musique demeurant sa plus grande passion, il y revient avec des albums (Mara Dyoughal, Djawhara, Mawlud…etc) tout aussi brillants que les premiers. Très malade, il s'éloigne de la scène mais le public attend et espère son retour après la guérison. Mais le mal aura raison de tous les espoirs. Djamel Allam tire sa révérence, laissant à son public et à la postérité un bel héritage musical. Repose en paix l'artiste !