L'ancien ministre des Finances, Abderahmane Benkhalfa, trouve que le projet de loi de finances pour 2019, adopté par le Conseil des ministres avant son passage devant le Parlement, est une loi de finances classique, non seulement sans impôts nouveaux mais pas de changement dans les taux des impôts existants et maintien d'une évolution consistante des transferts sociaux. C'est-à-dire, explique-t-il, un maintien du pouvoir d'achat, donc, fait-il remarquer, sur le plan des coûts nouveaux pour les citoyens et pour les entreprises, il y a une stabilité. Pour Abderahmane Benkhalfa, qui s'exprimait, hier matin, sur les ondes de la chaîne 3 dont il était l'invité de la rédaction, «cela donne une visibilité au citoyen et surtout aux acteurs économiques». Il estime que le signal est que durant l'année 2019, il n'y a pas de surprise de nature fiscal mais le budget qui ne prévoit pas d'autres rentrées nouvelles en dehors des rentrées fiscales, nous fait revenir à la dépendance à l'égard de la dépense publique. Car, explique-t-il, c'est la dépense publique qui alimente la vie économique, il y a un retour à des budgets d'équipement importants. Il rappelle que l'Algérie était en période de contractions budgétaires en 2015, 2016, 2017, 2018, 2019, puisque, ajoute-t-il, nous sommes à 8500 milliards de dinars, qui était soutenable mais le sera-t-il à l'avenir, interroge-t-il. L'ancien ministre des Finances évoque le rappel du président Bouteflika, en 2014, puis en 2017, «à ne pas dépenser plus que ce que l'on gagne». A ce propos, Abderahmane Benkhalfa fait remarquer que l'Algérie va dépenser 8500 milliards de dinars et va gagner 6500 milliards de dinars. Il estime alors que le déficit budgétaire sur la base de 50 dollars le baril de brent, n'est pas conforme aux normes. Il se montre réjoui par la fiscalité pétrolière qui met les Algériens à l'aise, quant à la fiscalité ordinaire, il relève qu'il y a non seulement un problème de recouvrement mais surtout un problème d'assiette fiscale qui n'évolue pas, à cause de deux facteurs : la dynamique économique et l'informel. Si l'ex-ministre se dit satisfait en tant que citoyen de cette loi de finance, il ne cache pas son «stress» en tant qu'«acteur économique». «Sur le plan des signaux économiques, de l'aménagement, de l'environnement économique, des ajustements structurels, des réformes, nous restons, en tant qu'acteurs économiques, sur notre faim». Il note qu'il n'y a pas d'investissements économiques, qui sont trop concentrés sur l'Etat. Il estime que les ressources non budgétaires ne sont pas mobilisées au rythme souhaité, de même que l'élargissement de l'assiette fiscale par la régulation des marchés pour inclure l'informel.