Que pouvait-elle bien révélée la démission de Rabah Saâdane, du poste de directeur technique national qui intervient juste au 18e mois de l'élection du président de la FAF ? Absolument rien de nouveau, du moins de ce que tout le monde connaît. Sans doute faut-il aussi observer, et prendre bien plus au sérieux, d'autres signes venus de ce monde du football, bien plus importants et bien plus révélateurs de ce qui vient de se passer dans une discrétion presque totale. Rabah Saâdane qui est mis hors course, décide de rendre les clés. Les réactions ne sont pas discrètes. Les ex-internationaux et autres professionnels s'étonnent et s'interrogent sur cette façon de faire. Que s'est-il donc passé et pourquoi cette démission surprise de l'homme qui a fait vibrer toute une nation, il y a encore quelques années ? Les faits tels rapportés par le DTN sont invraisemblables. Chacun y va de son commentaire, souvent très surprenants. Le fonctionnement et les projets de développement de cette instance sont-ils menacés ? «Qui veut tuer le football national et ses cadres techniques ?», s'interrogent les ex-internationaux de football. «Les missions de ces cadres là sont pourtant centrales : ils sont les pilotes des politiques techniques, les formateurs de tous les entraîneurs et éducateurs, les détenteurs de la culture sportive, les détecteurs et formateurs des jeunes pour les amener vers les sommets, les entraîneurs de nos champions, tous sports confondus». Du 23 mars 2017 à ce jour, soit juste 18 mois depuis l'élection du nouveau président, trois DTN et trois sélectionneurs se sont succédé à la porte de sortie. Le premier à claquer la porte était Toufik Korichi, en avril 2017, il avait occupé le poste de DTN par intérim. Cinq mois plus tard, Fodhil Tikanouine le suit. Décembre 2017, Djahid Zefzef, l'homme de confiance de l'ancien président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua remet les clés et s'en va après avoir occupé le poste de président de la commission des finances de la FAF. C'est l'ancien PDG de la Safex qui le remplace, en l'occurrence Rachid Gasmi. Peu de temps après, c'est notre confrère Farid Aït Saâda, qui s'en va 2018. L'hémorragie continue. Février, c'est Hamid Haddadj qui abandonne et démissionne en qualité de président de la Commission de discipline de la LFP et ancien président de la FAF (2006-2009). Octobre 2018, l'actualité frappe de nouveau cette institution du football national. Saâdane démissionne. Que s'est-il passé ? «On savait qu'il n'était pas le bienvenu au sein du groupe FAF». Il s'est exprimé ce jeudi, sur une chaîne TV privé. On lui reprocherait l'absence de tout de programme technique. Ecarté de toutes les consultations pour le recrutement des sélectionneurs, ou encore du projet du centre de formation dans la wilaya de Tarf. Enfin, depuis la CAN-2004, Saâdane et Belmadi n'ont jamais été amis... Au-delà de ces faits, quel signal a-t-on voulu faire passer à Rabah Saâdane ? Lui qui vient d'être mis K.-O. dans sa mise à l'écart du déplacement à Londres avec le coach national pour assister à la conférence de la Fédération internationale (FIFA) sur le football : (analyse de la Coupe du monde 2018), conférence qui s'est déroulée le 23 septembre. Pour le moment, on n'a pas trouvé d'autres moyens que de soigner le mal par le mal. Saâdane raconte : «J'ai reçu mon invitation de la FIFA 15 jours avant mon déplacement. Une semaine avant mon départ, le SG de la FAF m'informa de la mise à disposition de mon visa au niveau de l'agence British Airways. Le jour «J» je me présente à l'aéroport, au comptoir de la British, le personnel m'informa qu'il n'existe aucune demande de visa qui aurait été établie à mon nom... J'ai attendu 4h dans l'espoir qu'il retrouve mon dossier, mais en vain, j'ai fait part de mon visa Schengen, on me fait savoir qu'il était impossible d'embarquer avec ce visa. J'ai posé la question si je pouvais transiter par Lyon, même réponse. Je quitte l'aéroport. Deux jours après, j'apprends que Bouras, l'entraîneur des gardiens de buts, a été désigné à ma place, à mon insu. J'ai compris que tout a été combiné afin que l'invitation dont j'étais destinataire soit en faveur de Bouras. Connaissant le fonctionnement de la FIFA et la CAF, il était impossible que quelqu'un puisse partir à la place de la personne invitée... Je ne savais pas que j'ai été écarté, et remplacé. Sur le dossier fourni par la FIFA, il y avait les coordonnées de l'hôtel où je devais être hébergé, le numéro de chambre. Par quels mystères a-t-on fait pour corriger le nom du bénéficiaire par le nom d'un autre ? On m'a fait balader d'une personne à une autre. On a fait de moi un gamin, ce que je ne saurai pardonner, d'abord pour ce que j'ai enduré pour cette histoire de visa, cette moquerie, pour ce que j'ai donné à mon pays, au football national et pour mon âge. C'était, en définitif, une basse manœuvre pour m'inciter à quitter mes fonctions». Vis à vis de la FIFA, «on déshonore notre football. Ils ont porté atteinte à l'image de ce sport. Pourquoi un tel scénario contre moi ? Pourquoi ne m'a-t-on pas informé de ce changement ? Tel est le cortège de questions auxquelles il serait intéressant de connaître les réponses.