Principe de voisinage et surtout sécurité régionale, obligent. L'Algérie et la Tunisie suivent avec une « extrême préoccupation » les derniers développements intervenus en Libye. Outre la réaction officielle appelant les parties en conflit à la retenue contre toute action pouvant mener au pourrissement de la situation, les deux pays se voient dans l'obligation de renforcer une fois de plus leurs plans de défense des frontières. Une vigilance maximale s'est donc imposée sur le long du tracé frontalier Est et sud-est algérien où les menaces transnationales, à leur tête, le terrorisme profitent pleinement de toute situation de désordre dans la région. La Libye qui a plongé pendant plusieurs années dans les conflits armés mettant en péril la quiétude du nord de l'Afrique et du Sahel, avec bien sûr la contribution des conflits armés au nord du Mali, avait retrouvé une certaine accalmie mais qui ne semble pas trop durer. En effet, le ministère algérien des Affaires étrangères a exprimé vendredi cette inquiétude d'un pays voisin déjà fragilisé par une crise politique et préoccupé par la préparation de la période de transition. Cette réaction est intervenue au lendemain du soulèvement opéré par l'armée nationale libyenne (ANL) du maréchal libyen Khalifa Haftar qui a annoncé jeudi soir le lancement d'une offensive militaire contre la capitale Tripoli. «L'Algérie suit avec une extrême préoccupation les derniers développements intervenus en Libye et appelle toutes les parties à la retenue sachant que toute escalade militaire est de nature à compromettre les efforts en cours et à rendre problématique la solution de la crise que connait ce pays frère et voisin», a indiqué un communiqué de la diplomatie algérienne. Cette dernière a tenu à rappeler sa position initiale par rapport à la crise libyenne notant que : «L'Algérie qui s'est toujours attelée à favoriser un dialogue inclusif entre toutes les parties libyennes, sous l'égide de l'ONU et loin de toute interférence étrangère, reste convaincue que seule une solution politique négociée et acceptépar l'ensemble des protagonistes est à même d'assurer une paix et une stabilité durables et de préserver les intérêts suprêmes du peuple libyen frère». Tout en réitérant son appel à tous les acteurs à éviter toute «violence et toute escalade», l'Algérie exhorte, indique la même source, toutes les parties libyennes à œuvrer pour la réussite de la Conférence nationale prévue à Ghadames par le Plan d'action, laquelle conférence bénéficie de l'appui et du soutien de la communauté internationale et présente un cadre «approprié»pour la recherche «des compromis nécessaires pour sceller les ententes et construire la paix dans ce pays frère et voisin. Outre cette réaction diplomatique, l'Algérie a, immédiatement, renforcé ses dispositifs sécuritaires au niveau de toutes les frontières concernées afin de mieux les surveiller et pouvoir riposter proportionnellement à toutes éventuelles menaces. Pour sa part, le ministère tunisien de la Défense a affirmé au lendemain de la manœuvre Haftar, avoir appelé les militaires à davantage de vigilance et à renforcer le déploiement des formations militaires sur les deux postes frontaliers avec la Libye. Rapporté par l'APS, le département de la défense réagissait aux derniers développements survenus en Libye et leurs éventuelles incidences sur les régions situées à la frontière avec ce pays voisin. Il est appelé à, entre autres, renforcer le contrôle, les moyens aériens et les systèmes de surveillance électronique pour scruter les mouvements suspects. Le ministère a, par ailleurs, précisé, vendredi, dans un communiqué, avoir pris toutes les précautions et mesures nécessaires pour «sécuriser les frontières du sud-est et faire face à d'éventuelles urgences. Jeudi dernier, faut-il le rappeler, l'armée nationale libyenne (ANL) du maréchal libyen Khalifa Haftar a annoncé le lancement d'une offensive militaire contre la capitale Tripoli, où siège le gouvernement d'union nationale (GNA) dirigé par le président du Conseil présidentiel Fayez al-Sarraj et reconnu par la communauté internationale. En réaction, Fayez al-Sarraj, a ordonné à ses commandants militaires à utiliser la force après l'avancée des troupes du maréchal Khalifa Haftar sur l'ouest du pays. D'ailleurs, depuis la chute de l'ex-président Maâmar El Gueddafi en 2011, des milices rivales s'adonnent à une lutte d'influence pour dominer la capitale et contrôler les institutions et les richesses du pays, plongé dans le chaos. Face au risque d'embrasement, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni vendredi en urgence à huis clos, a demandé aux forces du maréchal Khalifa Haftar de cesser leur offensive vers la capitale libyenne Tripoli, prévenant que cette action militaire menaçait la stabilité du pays. Pour sa part, le Secrétaire général de la Ligue arabe (LA), Ahmed Aboul-Gheit, a demandé vendredi à l'ensemble des parties libyennes de faire preuve de retenue et de désamorcer immédiatement la situation militaire dans les régions occidentales du pays.