Permettez-moi d'abord de remercier le Haut-Commandement de l'ANP et Mr le directeur de l'IMDEP de cette aimable invitation sur un sujet combien stratégique pour le devenir de notre pays, réseaux sociaux au Maghreb et au Moyen-Orient: quel impact sur les transitions politiques dans la région. Mon intervention portera sur le thème « l'Algérie face à la quatrième révolution mondiale : maitriser les nouvelles technologies, facteur déterminant de la sécurité collective et du développement. Les vols plus inattendues par les photocopieuses. Chaque fois que l'on copie un document sur un copieur moderne, une copie est enregistrée sur le disque dur de la machine. Elles sont ainsi devenues de véritables centres de stockage informatisés, et cela très souvent à l'insu des dirigeants et salariés des entreprises. Les copieurs et les machines multifonctions les plus modernes stockent les informations avant de les imprimer, des experts en informatique peuvent donc ensuite très facilement récupérer ces informations, d'autant plus que la plupart d'entre elles sont généralement connectées à un réseau, soit via un PC (imprimante partagée), soit grâce à une adresse IP propre. Qu'ne st-il de l'Algérie face aux enjeux de la nouvelle société de l'information 2020/2030 ? Reconnaissons que le système d'information s'est totalement effrité depuis des décennies alors que l'information cohérente et temps réel est une condition fondamentale de son développement. C'est que les statistiques sont en ce XXIème siècle abondantes aux échelons national, régional et mondial, jouant un rôle de plus en plus grand dans nos sociétés et nos administrations publiques servant couramment à informer les débats publics, la formulation des politiques et la prise de décisions commerciales, mais posant le problème de leur qualité, de la compilation et de leur sélection. Avec la révolution du nouveau système d'information, contrairement au passé, il y a trop d'informations et le grand problème est à la fois la crédibilité de l'appareil statistique et la sélection opératoire de cette masse d'information, pour s'adapter à la nouvelle révolution mondiale du numérique. Car existe un théorème dit des 20/80% en management stratégique : 80% d'actions mal ciblées que l'on voile par de l'activisme ministériel ont un impact de 20% sur la société ; 20% d'actions bien ciblées ont un impact de 80% et devant tenir compte du facteur temps combinant les paramètres et les variables pour atteindre l'optimum global. Ce qui est paramètres à court terme peut devenir variable à moyen terme, et ce qui est secteur stratégique aujourd'hui peut ne pas le devenir demain. Certes, l'ONS n'a pas vocation à évaluer les politiques publiques en cours et que toute latitude est offerte aux autres d'interpréter les chiffres en reconnaissant qu'il serait souhaitable d'une meilleure coordination interinstitutionnelle, entre les diverses et abondantes sources administratives et l'office, appelant à davantage de «cohérence et d'intégration ». C'est que l'ONS part des données micro-économiques des administrations et des entreprises en les consolidant au niveau macro-économique. Si l'information de base est biaisée, cela donne des résultats au niveau global qui ne reflète pas la réalité. Et c'est ce que l'on constate malheureusement avec l'effritement du système d'information, où les bases de sondage sont différentes d'un organisme à un autre aboutissant à des données que contredit la réalité. Il faut donc uniformiser les méthodes d'enquêtes qu'elles soient exhaustives ou par sondage. Et surtout il faut démocratiser l'information en ouvrant les médias lourds à un large débat économique contradictoire, personne n'ayant le monopole du nationalisme Or, des erreurs de politique économique peuvent se chiffrer à des pertes de plusieurs dizaines de milliards de dollars pour le pays. L'entropie a atteint ces dernières années un niveau inacceptable. Ce manque de cohérence favorisé par un système de prix où l'on additionne les prix administrés et les prix du marché ne permet pas décerner la sincérité des comptes et peut donner lieu à de la mauvaise gestion, voire de la corruption est flagrant. La majorité des journaux papiers risquent de disparaitre horizon 2020/2025, s'ils ne s'adaptent pas à la nouvelle révolution, remplacé par les sites qui donnent des informations en temps réel. Je rappelle qu'en tant que directeur général des études économiques et premier conseiller à la cour des comptes j'avais été chargé par la présidence de l'époque en 1983 du dossier surestaries, dossier d'ailleurs toujours d'actualité, et rendu urgent au vu des contraintes budgétaires, des nombreux bateaux en rades qui occasionnent des sorties de devises importantes. J'avais suggéré , en relation avec les services du ministère du commerce, des finances et de différents départements ministériels concernés, l'urgence pour lutter contre à la fois les surestaries et les surfacturations l'établissement d'un tableau de la valeur par un la mise en place d'un système d'information en réseaux et en temps réel entre les ports, la douane, les banques , les services de la fiscalité et reliés aux réseaux internationaux afin de connaitre les prix en temps réel des marchandises importés produit par produit En résumé, le monde est à l'aube d'une quatrième révolution économique et technologique, fondée sur deux fondamentaux du développement du XXIème siècle, la bonne gouvernance et l'économie de la connaissance, ne devant jamais oublier que toute nation qui n'avance pas recule, n'existant pas de situation statique. Un des grands dangers à l'avenir viendra de la cybercriminalité qui peut déstabiliser tout un pays tant sur le plan militaire, sécuritaire qu'économique. Selon Steve Grobman, expert de la société McAfee, spécialisée dans la protection contre les attaques informatiques, dans un rapport paru en février 2018, la cybercriminalité coûte en 2017 600 milliards de dollars par an à travers le monde, un chiffre en augmentation en raison de la compétence grandissante des pirates et l'essor des crypto-monnaies. Selon ce rapport, le vol de propriété intellectuelle a représenté environ un quart du coût total de la cybercriminalité. Pour des raisons de sécurité nationale et comme facteur essentiel du développement il y a urgence d'adapter toutes les institutions civiles, militaires et toutes les entreprises publiques/privées à la nouvelle révolution du système d'information qui constitue un enjeu stratégique. Sans réformes structurelles profondes, évitant de croire au mythe du tout juridique (une loi n'étant qu'un moyen, inefficace, sans la levée des contraintes d'environnement), supposant d'agir sur le fonctionnement du corps social, impliquant un minimum de consensus politique et social et une visibilité et cohérence dans la démarche des réformes, il ne faut pas s'attendre à des miracles. Plus on diffère les réformes, plus on épuisera les réserves de changes fin 2021 début 2022 et la crise de gouvernance actuelle se transformera en crise financière, économique, politique et sécuritaire, ce qu'aucun patriote algérien ne souhaite (Suite et fin) Professeur des universités Dr Abderrahmane Mebtoul Expert international