Depuis l'été dernier, une vingtaine de wilayas du pays sont touchées par des perturbations dans l'alimentation en eau potable. Pendant des jours ou même des semaines, les robinets sont restés secs. Depuis, aucune amélioration n'a été constatée. La situation risque de s'aggraver et d'impacter, effectivement, toutes les autres régions du pays, notamment, avec l'augmentation de la consommation d'eau, alors que les réserves souterraines sont surexploitées et les barrages sont en érosions interne depuis plus de deux ans. Désormais, l'Algérie devra faire face durant les mois à venir à un déficit irrégulier en eau et changer radicalement sa gestion de cette source vitale afin d'éviter une situation catastrophique qui pourrait entraîner des répercussions irréversibles sur la santé publique et le développement économique du pays, alors que la crise sanitaire du Covid-19 a précipité le pays depuis des mois dans une grave crise économique et financière sans égal. Les experts et spécialistes du secteur ne cessent, depuis des mois, de lancer des messages pour alerter sur le manque de la pluviométrie et l'érosion interne des barrages provoquée par des épisodes de sécheresse fréquents et des vents qui touchent l'Algérie depuis quelques années. Il est de la responsabilité de tous de préserver et valoriser cette source vitale en interaction avec tous les autres secteurs. La gestion de l'eau en Algérie n'a pas évolué et la mauvaise gestion de cette ressource, aujourd'hui, devient un véritable casse-tête au Gouvernement et au citoyen qui s'est toujours plaint de la gestion de l'eau potable, des coupures fréquentes, de la pollution et des problèmes d'approvisionnement. Un défi majeur Les solutions désormais résident dans la répartition et l'usage de cette source vitale, mais surtout en la responsabilisation et la sensibilisation des consommateurs sur la rareté de l'eau qui menace le pays depuis plusieurs mois. L'Etat est devant une équation très difficile. Optimiser la gestion de l'eau et éviter une crise sociale et environnementale en raison du manque d'eau. Une situation souvent à l'origine de troubles sociaux et de crise alimentaire. La mise en place de nouveaux plans n'est, toutefois, pas possible en raison de l'urgence et la pauvreté hydraulique du pays en raison du manque de la pluviométrie et le phénomène du gaspillage dans les foyers, mais aussi dans le secteur agricole et industriel. Combattre le gaspillage et surtout trouver des solutions pour résoudre la problématique de l'irrigation qui persiste depuis des décennies. L'absence d'une anticipation stratégique rattrape aujourd'hui les autorités qui n'ont d'autres solutions que d'improviser et d'éviter l'aggravation de la situation, en attendant de trouver des alternatives à la surexploitation des réserves souterraines et des eaux des retenues de plus en plus moindre. Pour étancher cette soif, les services concernés chargés de gérer cette ressource doivent créer tous les moyens nécessaires pour répondre aux besoins en eau d'une population en hausse. Un facteur essentiel à prendre en considération est celui des réseaux faibles et désuets de l'alimentation de la population en eau potable. En Algérie, les habitants des zones d'ombre, rurale et du Sahara sont les plus touchés par la pénurie d'eau. Rappelons, les derniers incidents survenus dans la région de Tinzawatin, mettant à jour la véritable crise d'eau qui guette le pays. Le même problème qui pousse les habitants de plusieurs villes du pays à sortir dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol de cette situation. Ceci constitue un enjeu majeur de la santé publique et surtout pour la stabilité sociale. La construction de barrages ne suffit plus pour subvenir aux besoins du consommateur, des industriels et des agriculteurs. La situation de ce secteur, aujourd'hui, est plus préoccupante qu'inquiétante. Le régime pluviométrique irrégulier, la sécheresse et les vents ont une influence significative sur les pertes en sol. Ainsi l'envasement des barrages ces deux dernières années limite le volume d'eau des retenues, ce qui entraîne des perturbations dans l'alimentation en eau potable des citoyens. C'est un résultat inévitable vu l'état des 95 barrages que compte l'Algérie dont 5 sont en cours de réalisation. L'Etat prévoit d'ailleurs d'atteindre 139 barrages d'ici 2030. La construction des barrages n'est plus suffisante en raison des bouleversements climatiques, l'Etat doit revoir ses priorités et penser à renforcer la réalisation des stations de dessalement de l'eau de mer et le recyclage des eaux usées pour l'utilisation industrielle et agricole. Egalement, lutter contre le gaspillage, les puits mécanisés et l'irrigation intensive et surtout anarchique. Face à ce grand défi, le ministre des Ressources en eau, Mustapha Kamel Mihoubi, a mis l'accent, sur la nécessité «d'adopter une nouvelle approche scientifique de gestion, fondée sur le savoir et l'innovation, et de chercher des voies de préservation des ressources en eau et d'adaptation aux changements climatiques», selon un communiqué publié jeudi dernier. Sous le stress hydrique, l'Algérie devra trouver des solutions à cette situation qui risque de toucher toutes les régions du pays, toutefois, sans céder au catastrophisme et au pessimisme.