L'ambition de l'Algérie d'adhérer au groupe des Brics (Brésil, Russie, Chine, Inde et Afrique du Sud) n'est plus un secret pour personne. La Russie, membre influent de cette alliance économique non-occidentale, soutient cette demande et promet d'accompagner l'Algérie dans son processus de développement, malgré un contexte international entouré d'incertitudes. L'Etat algérien a compris que dans un contexte pareil, le plus important est d'oser. Il n'hésite d'ailleurs pas à prendre des initiatives. Pour accroître et faciliter la coopération commerciale et économique entre les deux alliés de longue date, l'Algérie suggère d'utiliser la monnaie nationale dans les transactions bilatérales, suivant l'exemple de l'Argentine, du Kenya, de la Chine et de l'Arabie saoudite… La Russie soutient cette demande. C'est ce qu'a fait savoir, avant-hier, à Moscou, l'ambassadeur de la Russie à Alger, Valérian Shuvaev, en marge, de l'ouverture des travaux du Forum économique algéro-russe, présidée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui effectue une visite d'Etat de trois jours dans le pays. M. Shuvaev cité par le site en ligne du quotidien arabophone « Ennahar « a déclaré que « la Russie soutenait la proposition de l'Algérie d'utiliser la monnaie nationale dans les transactions commerciales bilatérales en vue de renforcer les échanges commerciaux et de booster la coopération économique entre les deux pays à l'avenir «. Cette demande confirme l'adhésion de l'Algérie à la stratégie des Brics, qui appellent à la « dé-dollarisation « du système monétaire international afin de s'affranchir de la domination américaine. Les pressions économiques et financières actuelles, accentuées par la guerre en Ukraine, poussent de nombreux pays du monde ( producteurs et exportateurs de matières premières) à l'instar de l'Algérie, grands exportateurs d'hydrocarbures, à aller vers un système plus multipolaire, permettant aux autres pays de promouvoir leur monnaie nationale dans le commerce extérieur. Ce qui signifie que l'Etat algérien est prêt à abandonner graduellement l'utilisation du dollar américain. Cette démarche pourrait expliquer l'intérêt particulier accordé par les autorités locales au développement d'une monnaie numérique nationale, sous le nom du « dinar numérique algérien «. La Banque d'Algérie (BA) lancerait de ce fait une cryptomonnaie algérien visant à renforcer son système monétaire et à sécuriser les paiements en ligne. Une façon de diversifier, également, ses paiements sur le marché international. De nombreux pays ont déjà tenté l'expérience avec la Chine et la Russie, ce qui motive l'Algérie à suivre l'exemple de ces pays à l'instar de l'Indonésie qui est déjà sur les traces des Brics et cherche ainsi à arrêter le règlement des transactions commerciales mondiales en dollar américain. La dédollarisation du système monétaire international aura certainement des conséquences significatives sur les pays exportateurs à l'instar de l'Algérie dont l'essentiel de ses exportations se font en dollar américain, d'où l'adhésion de l'Algérie au projet de création d'une nouvelle zone monétaire. La dé-dollarisation du monde s'amplifie, en plus des Brics, l'Arabie saoudite, la Malaisie et même l'Algérie commencent à se détourner du dollar, encore résistant. Les Brics veulent établir rapidement un système financier international alternatif non libellé en dollars, cependant cette transition, demande du temps et de l'audace, car il en va de l'avenir du Monde, notamment, des pays endettés et des institutions financières internationales (le Fonds monétaire international, en l'occurrence, des institutions de Bretton Woods). De leur côté, l'Algérie, l'Egypte, la Turquie, le Kenya et l'Arabie saoudite qui souhaitent rejoindre les Brics préfèrent procéder graduellement à leur dé-dollarisation pour limiter l'impact de ce changement sur les finances nationales et le pouvoir d'achat des citoyens.